Je dois commencer par présenter des excuses à cause de la faute d'orthographe contenue dans mon titre d'hier, que plusieurs d'entre vous m'ont signalée. Ressusciter prend deux "S" et pas un seul. J'ai récité 20 "je vous salue Bernard Pivot" pour faire pénitence et hommage à la fois. Les marchés actions, eux, ont l'air de se replonger dans le stupre de la hausse. On voit resurgir le vocabulaire de la convoitise, notamment la fameuse expression FOMO (Fear Of Missing Out, la peur de rater le train en marche) qui évoque un courant acheteur auto-alimenté par la crainte des investisseurs de manquer les plus-values réalisées par leurs voisins. J'ai déjà abordé hier le retour d'une autre expression, le Fed Put, qui signifie que la banque centrale américaine laisse entendre qu'elle se montrera plus souple à l'avenir dans la conduite de sa politique monétaire, en fournissant une sorte d'assurance tous risques (ou presque, c'est quand même de l'économie) aux marchés.

En revanche, le concept TINA (There Is No Alternative, il n'y a pas d'alternative) n'est pas encore remis au goût du jour. Quand les financiers parlent de TINA, ils indiquent qu'il n'y a pas d'alternative aux actions. Or actuellement, il y en a une qui se défend pas mal, ce sont les bons du trésor, comme le souligne un article de Bloomberg. L'agence financière y explique que le maintien des taux élevés, une forme de retour à la normale par rapport à l'histoire économique, a réparé le marché du revenu fixe en offrant des rendements solides aux investisseurs, en échange d'un risque faible, puisque c'est son essence même. Le marché obligataire fonctionne enfin à peu près normalement et a probablement permis de renforcer la richesse des épargnants aux Etats-Unis. Ce scénario sera invalidé quand les taux recommenceront à baisser, bien sûr, mais il conserve un potentiel correct compte tenu de la cadence présumée de l'assouplissement à venir. Sauf évidemment si la banque centrale américaine est forcée d'activer le Fed Put précité si les conditions économiques partent en sucette.

Hier, les indices boursiers ont poursuivi leur ascension, avec une troisième séance de gains supérieurs à 1% du côté du Nasdaq. En dehors d'Apple, qui avait besoin de digérer son rebond de 6% sur la séance de vendredi, les 15 plus grosses entreprises de la cote américaine ont progressé. Parfois fort, à l'image de Nvidia (+3,8%), de Meta Platforms (+3%) et d'Eli Lilly (+4,3%). Depuis le 1er mai aux Etats-Unis, les grosses capitalisations ont mis un coup d'accélérateur face aux autres dossiers, tandis que les actions de croissance ont largement pris l'ascendant sur les valeurs peu valorisées : c'est le signe que l'appétit pour le risque se renforce. En Europe, les indices ont eu des réactions plus mesurées, mais ils ont pu enchaîner une seconde séance de progression. Les investisseurs ont manifesté leur retour de libido en s'emparant de dossiers risqués (Clariane, Aston Martin) ou en situation spéciale (Grifols, Teleperformance…), et en délaissant les secteurs planplans (santé, pétrole).

Il y a pas mal de publications de résultats aujourd'hui. Deux tendances se détachent : d'une part les banques européennes publient bien et rivalisent de rachats d'actions. D'autre part le monde des semiconducteurs est clairement divisé en deux catégories : ceux qui sont très exposés à l'IA, qui sont tractés par une force surhumaine et multiplient les relèvements de prévisions, et les autres, qui n'ont pas l'air de faire partie du même univers. Infineon a révisé en baisse ses prévisions ce matin.

Dans le volet économique et géopolitique du jour, on retrouve le statu quo de la Banque d'Australie sur son taux directeur, qui reste comme prévu à 4,35%. La RBA a toujours le cœur qui balance entre différentes perspectives monétaires. Mais ses commentaires sont jugés apaisants par les économistes, qui craignaient une rhétorique un peu plus offensive autour d'un risque de hausse de taux. Banques centrales toujours, deux représentants de la Fed, Thomas Barkin et John Williams, se sont montrés relativement confiants dans le fait que le prochain mouvement sera une baisse de taux aux Etats-Unis, confortant le sentiment du marché. Au Proche-Orient, les pourparlers en faveur d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas se télescopent avec les frappes de l'Etat Hébreu à Rafah. Cette situation contribue à faire remonter les cours pétroliers. En Europe, Xi Jinping poursuit sa visite en France. Les sujets qui fâchent sont abordés avec la langue de bois qui prévaut en de telles circonstances, mais Paris aura au moins réussi à obtenir que le cognac ne soit pas surtaxé à court terme. Un petit pas pour l'Homme, un grand pas pour Rémy Cointreau, Pernod Ricard et LVMH.

En Asie Pacifique, le Hang Seng est mal embarqué pour poursuivre sa série haussière : il perd 0,6% en séance (la clôture est pour 10h00 heure de Paris). L'indice de Hong Kong a enchaîné dix hausses consécutives et symbolise le retour en grâce des actions chinoises auprès des investisseurs. Il faudra encore patienter pour s'enthousiasmer définitivement : la Chine est plus adepte du feu de paille que du feu de joie boursier ces dernières années. Le CSI300 de Shanghai et Shenzhen évolue dans le même temps autour de l'équilibre. Au Japon, le Nikkei 225 poursuit en revanche son rebond en gagnant 1,3%, aidé par ses valeurs technologiques. Mais c'est la Corée du Sud qui brille le plus ce matin, avec un bond de plus de 2% pour le KOSPI, grâce aux semiconducteurs qui imitent leurs homologues aux Etats-Unis hier soir. Les poids lourds Samsung Electronics et SK Hynix gagnent aux alentours de 4%. L'ASX australien termine fort, sur une hausse de 1,3%, dopé par la position jugée dovish de la RBA. L'Inde en revanche a perdu ses gains initiaux pour reculer de 0,4%. Les indicateurs avancés européens sont haussiers.

Le CAC40 démarre la journée en hausse de 0,45% à 8033 points. Le SMI se rapproche des 11 400 points en gagnant 0,6%. Le Bel 20 progresse dans les mêmes proportions à 3951 points.

Les temps forts économiques du jour

Les commandes d'usines allemandes (8h00) et les ventes de détail européennes (11h00) sont les principales statistiques du jour. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,077 USD. L'once d'or se reprend à 2324 USD. Le pétrole se stabilise, avec un Brent de Mer du Nord à 83,53 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,52 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans descend à 4,49%. Le bitcoin se négocie 63 240 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aperam : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 32,50 à 31,50 EUR.
  • ASM International : ING Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 650 à 750 EUR.
  • Atria Oyj : Inderes améliore sa recommandation d'alléger à accumuler avec un objectif de cours de 10,50 EUR.
  • Aéroports De Paris : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 128 à 134 EUR.
  • Bakkafrost : Sparebank 1 Markets passe de neutre à acheter avec un objectif de cours de 680 NOK.
  • Clariant Ag : Morgan Stanley surpondère de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 15 CHF à 17 CHF.
  • Gamma Communications Plc : Deutsche Bank démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 2250 GBX.
  • Genmab A/S : BMO Capital Markets passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours relevé de 2612 DKK à 48 DKK.
  • Italgas : RBC Capital passe de surperformance à performance de secteur avec un objectif de cours réduit de 6,50 à 5,90 EUR.
  • Koskisen Oyj : Nordea Bank dégrade son conseil d'achat à conserver avec un objectif de cours réduit de 7,30 EUR à 4,30 EUR.
  • Lonza Group : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 535 à 580 CHF.
  • Safran : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 180 à 240 EUR. Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 208 à 210 EUR.
  • Sandvik Ab : ABG Sundal Collier passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 245 SEK à 265 SEK.
  • Schneider Electric Se : Landesbank Baden-Wuerttemberg passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 215 EUR à 250 EUR.
  • Sixt Se : Berenberg dégrade son conseil d'achat à conserver avec un objectif de cours réduit de 133 EUR à 94 EUR.
  • Snam : RBC Capital passe de performance de secteur à surperformance avec un objectif de cours réduit de 5,40 à 5 EUR.
  • Thales : DZ Bank AG Research maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 154 à 165 EUR.
  • Ubisoft Entertainment : Stifel passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 26 EUR à 28 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Arkema confirme ses prévisions 2024 après le T1.
  • Bénéteau subit un (très) net ralentissement au T1, pour des raisons techniques, et confirme ses prévisions.
  • Bouygues est en pertes saisonnières au T1, mais confirme ses objectifs.
  • Coface améliore ses résultats au T1.
  • Elis démarre l'année en croissance robuste et confirme ses prévisions.
  • Valneva affiche un bénéfice de 58,9 M€ au T1.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Emmanuel Macron remercie le président chinois Xi pour son "attitude ouverte" sur la question du cognac, ce qui suggère que Rémy Cointreau, Pernod Ricard, LVMH et Davide Campari sont en ballotage favorable pour ne pas être surtaxés pour le moment.
  • Airbus a livré 61 avions et reçu 57 commandes brutes en avril.
  • TotalEnergies et SINOPEC renforcent leur coopération.
  • Carrefour et Marché Frais signent un partenariat d'approvisionnement et de licence d'enseigne.
  • Vinci remporte deux contrats de services de péage en flux libre aux États-Unis.
  • Rexel rachète le distributeur américain spécialisé dans les produits sans fil Talley.
  • JCDecaux remporte le contrat publicitaire des bus de Sydney.
  • Le trafic de navettes passagers de Getlink a reculé de 19% sur un an en avril.
  • Clariane négocie la cession de son activité d'hospitalisation à domicile en France (46,5 M€ de revenus annuels).
  • Ekinops conclut un accord de distribution de ses solutions de transport optique avec EUVIC.
  • La coentreprise chinoise de Figeac Aero signe un contrat pour des pièces de jet d'affaires.
  • TheraVet dévoile sa stratégie de développement pour le marché équin.
  • Gensight lève 9,2 M€ avec des ABSA (dilution potentielle de 50%), ce qui accroît sa visibilité jusqu’à la deuxième partie du troisième trimestre 2024.
  • Les principales publications du jour : Winfarm, Kumulus Vape, … Le reste ici.

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Adecco enregistre une baisse de revenus au T1 et une rentabilité en berne, mais confirme ses objectifs d'économie en 2024.
  • ANZ Group annonce un rachat d'actions de 1,3 Md$ après une baisse de ses bénéfices au T1.
  • BP Plc subit une vive baisse de bénéfices au T1, à 2,7 Mds$.
  • Coty davantage confiant pour son exercice après des ventes en hausse.
  • Geberit, prudent sur ses prévisions, annonce un rachat d'actions de 300 MCHF.
  • Infineon réduit ses prévisions.
  • Lucid chute de 8% hors séance après son T1.
  • Microchip baisse de 4% hors séance après son T1.
  • Palantir chute de 8% hors séance après son T1.
  • PSP Swiss Property relève ses prévisions annuelles à l'issue du premier trimestre.
  • Siemens Healthineers publie sous les attentes au T2 fiscal, en raison de vents contraires en Chine.
  • Solvay confirme ses perspectives pour 2024 après un 1er trimestre meilleur que prévu.
  • UBS dégage 1,76 Md$ de bénéfice au T1.
  • UniCredit a relevé ses prévisions de rémunération des actionnaires cette année après un solide T1.
  • Zalando renoue avec une légère croissance de son volume d'affaires au T1.

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

D'Europe

Des Amériques

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures