La production d'électricité à partir de charbon et les émissions du secteur de l'électricité en Inde ont atteint des niveaux record au cours du premier trimestre, les températures supérieures à la moyenne ayant stimulé l'utilisation des climatiseurs et l'expansion économique ayant entraîné une augmentation de la consommation globale d'électricité.

Selon le groupe de réflexion Ember, la production d'électricité à partir de charbon a atteint 338 térawattheures au cours du premier trimestre 2024, soit une hausse de 9,6 % par rapport au même trimestre en 2023.

Les émissions totales du secteur de l'électricité ont augmenté dans les mêmes proportions pour atteindre le chiffre record de 316 millions de tonnes de dioxyde de carbone et de gaz équivalents.

Le secteur de l'électricité du pays a rejeté un record de 108 millions de tonnes de CO2 au cours du seul mois de mars, et a émis plus de 100 millions de tonnes de CO2 chaque mois jusqu'à présent en 2024, un record pour les fournisseurs d'électricité du pays.

Une vague de chaleur prolongée dans une grande partie du pays a probablement entraîné une augmentation de la production des centrales au charbon depuis mars, car les compagnies d'électricité tentent d'éviter les pannes pendant les élections générales en cours.

CHALEUR INTENSE

La longue période de températures supérieures à la normale dans la majeure partie du pays a été l'un des principaux facteurs de l'utilisation élevée du charbon.

Les températures élevées enregistrées dans l'État septentrional de Haryana, qui borde la capitale New Delhi, ont atteint en moyenne 38,7 degrés Celsius (101,6 degrés Fahrenheit) depuis le 1er avril, soit 9,2 °C ou 31 % de plus que la moyenne à long terme, selon les données du LSEG.

À New Delhi même, les températures maximales enregistrées ont dépassé 35 °C (95 °F) pendant 26 des 38 jours écoulés depuis le 1er avril, avec des températures moyennes supérieures de 15 % à la normale, selon le service de données Weather Underground.

La température moyenne dans l'est de l'Inde en avril était de 28,12°C (82,61°F), la plus élevée depuis le début des relevés en 1901, selon le département météorologique de l'Inde.

Cette vague de chaleur prolongée a causé la mort d'au moins neuf personnes et réduit le taux de participation aux élections, les gens cherchant à se réfugier pendant les heures les plus chaudes de la journée.

CONDUITE RAFRAÎCHISSANTE

L'un des principaux moyens de rester au frais est l'utilisation de climatiseurs, des appareils gourmands en énergie qui sont de plus en plus répandus dans les foyers et les entreprises à travers le pays.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Inde comptera 93 millions de climatiseurs installés en 2024. Dans un rapport datant de 2023, l'AIE note que la demande de climatisation des locaux est l'un des principaux moteurs de l'augmentation de la demande d'électricité en Inde.

"Entre 2019 et 2023, la demande horaire d'électricité de l'Inde lors d'un jour de haute température en juin (température quotidienne maximale supérieure à 36 C) a augmenté en moyenne d'environ 28 %, causée en grande partie par la possession accrue de climatiseurs pour répondre à des besoins de refroidissement plus élevés et d'autres appareils."

Les données de l'AIE montrent qu'en raison de la hausse attendue des températures moyennes en Inde au cours des prochaines décennies, la demande d'électricité pour les climatiseurs domestiques devrait être multipliée par neuf d'ici à 2050, pour atteindre plus de 1,1 milliard d'unités de conditionnement d'air.

REFROIDIR AVEC DU CHARBON

Pour répondre à la demande, les producteurs d'électricité indiens doivent augmenter la production d'électricité à partir du charbon, qui représente plus de 75 % de la production totale d'électricité dans le pays, selon Ember.

Ces dernières années, les compagnies d'électricité indiennes ont fortement augmenté la production à partir de sources renouvelables, la production solaire au cours du premier trimestre 2024 étant environ deux fois supérieure à la production totale au cours de la même période en 2020.

La production des parcs éoliens a également augmenté depuis 2020, d'environ 30 %.

Mais la production des barrages hydroélectriques est historiquement volatile en raison des fluctuations des précipitations en Inde, la production hydroélectrique du premier trimestre 2024 ayant baissé de 20 % par rapport à la même période de 2023. En outre, la production des centrales nucléaires est largement stable, de sorte que les compagnies d'électricité restent très dépendantes des combustibles fossiles pour la plus grande partie de l'électricité du pays.

Les émissions résultant de l'utilisation de ces combustibles contribuant à aggraver le changement climatique et la hausse des températures, le pays devrait rester enfermé dans un cercle vicieux qui l'obligera à brûler davantage de charbon pour rester au frais. Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur, chroniqueur pour Reuters.