Les marchés européens ont poursuivi leur ascension hier. Plusieurs indices en sont à quatre journées consécutives dans le vert, à l'image du CAC40, du DAX, du FTSE ou du Stoxx Europe 600. Les volumes ont été assez peu affectés par la journée fériée du 8 mai, qui n'était pas chômée sur la plupart des places du continent. Rebelote aujourd'hui pour l'Ascension, qui est fériée mais pas chômée en général, sauf en Suisse où la Bourse de Zurich fait relâche.

Aux Etats-Unis, le S&P500 et le Nasdaq ont réagi comme la veille : ils n'ont pas fait grand-chose. Le S&P500 a même terminé à zéro, quoiqu'en territoire négatif pour quelques décimales. Le Dow Jones s'est toutefois distingué en gagnant 0,44%. Le vieil indice new-yorkais affiche une consanguinité nettement moins marquée sur le S&P500 avec le Nasdaq, surtout au niveau de ses composantes les plus influentes. Son archaïsme (c'est un indice qui tient compte du prix des actions et pas de leur capitalisation) le rend moins dépendant aux stars de la technologie. Hier, ce sont Amgen (santé), Boeing (avions qui fonctionnent moyen) et JPMorgan Chase (banque) qui lui ont permis d'enchaîner une sixième séance de rang dans le vert.

Les marchés manquent un peu de carburant en cette mi-mai, à cause de la mauvaise visibilité sur la politique monétaire et de fin de la saison des résultats d'entreprises. Je citais hier comme catalyseur potentiel les résultats de Nvidia le 22 mai prochain. Il y aura entretemps la publication, le 15 mai, de la statistique de l'inflation d'avril aux Etats-Unis. Elle sera d'une importance capitale pour vérifier si la reprise de la hausse des prix est durable.

En attendant, je vous propose de dresser un bilan des résultats du 1er trimestre, maintenant qu'une grande majorité des sociétés influentes a publié ses comptes (hors Nvidia, donc). A ce stade, plus de 80% des sociétés américaines et 65% des sociétés européennes à moyenne et forte capitalisation ont dévoilé leurs performances. Comme d'habitude, il y a l'absolu et le relatif. L'absolu, c'est la variation des ventes et des résultats d'une année sur l'autre (1er trimestre 2024 comparé au 1er trimestre 2023). Le relatif, c'est la position des résultats publiés par rapport aux attentes moyennes des analystes. La différence est importante au 1er trimestre 2024.

Illustration en Europe (mes données proviennent de Bank of America). En absolu, les bénéfices des entreprises européennes sont en moyenne inférieur de 8% à ceux de la même période de 2023. C'est considérable. En termes macroéconomiques, cela signifie que la situation n'est pas folle. En revanche, en relatif, le bilan est un peu meilleur : les analystes redoutaient en moyenne une dégradation plus profonde des résultats (-14%). On peut donc en conclure :

  • Que les résultats des entreprises sont moins bons qu'en 2023
  • Que les résultats des entreprises ne sont pas aussi mauvais que prévu

En rentrant un peu dans le détail, le tableau n'est pas vraiment flambant. Une partie du "moins mauvais que prévu" repose sur les bénéfices des compagnies pétrolières, qui ont moins baissé qu'anticipé, et dans une moindre mesure de l'industrie. Et ce sont les valeurs défensives qui s'en sortent le mieux, et de loin, face aux cycliques, signe que l'économie patine.

Aux Etats-Unis, le tableau est assez différent, parce que les bénéfices des entreprises sont, en moyenne, en hausse de 5% sur un an (mes données viennent cette fois de FactSet). Cela s'explique par une base de comparaison différente et par la forte proportion de sociétés du secteur technologique, dont les résultats ont continué à croître, faisant plus que compenser les baisses d'un quart des bénéfices des pétrolières ou des valeurs de la santé. Autre différence, les sociétés qui ont dépassé les attentes sont plus nombreuses qu'en Europe. En réalité, ce décalage est permanent depuis des années. Je vous livre trois explications possibles, à mélanger à l'envi : peut-être que les boîtes américaines sont meilleures ? Peut-être que les analystes européens sont meilleurs ? Peut-être que les sociétés américaines sont plus affûtées pour guider le marché un peu plus bas que ce qu'elles s'attendent à réaliser ? Quoi qu'il en soit, aux Etats-Unis, l'absolu (+5% de progression des bénéfices donc) et le relatif (les sociétés ont dépassé en majorité les prévisions) évoluent dans le vert.

A l'avenir, les analystes pensent que les résultats des entreprises américaines vont progresser de 9,6% sur un an au T2 2024, presque deux fois plus vite qu'au T1. Pour l'Europe, un rebond de 1% est attendu au T2 2024 sur un an. C'est maigre mais c'est une embellie importante par rapport à la baisse de 8% constatée au T1.

Voilà ce qu'il faut retenir de cette grosse série de chiffres : les analystes pensent que les entreprises vont accroître leurs bénéfices, même en Europe, au T2. Ils misent sur une progression sur la totalité de l'année.

Dans le reste de l'actualité aujourd'hui, la Chine a annoncé cette nuit des chiffres d'import-export plus dynamiques que prévu en avril. Cette statistique vient étayer le rebond des places boursières chinoises qui a démarré il y a plusieurs séances. Au Brésil, la banque centrale a réduit son principal taux directeur de 10,75 à 10,50%. Le président chinois Xi Jinping poursuit son voyage européen en Hongrie. Le marché attend désormais la décision de la Banque d'Angleterre à la mi-journée. Un statu quo sur les taux est prévu, mais les investisseurs vont guetter les signes d'assouplissement monétaire à venir. Au Japon, le yen reste sous pression en dépit des efforts manifestes pour enrayer sa chute. Quelques articles commencent à fleurir sur un risque de dévaluation concurrentielle qui pourrait déclencher une nouvelle guerre des monnaies en Asie. Je termine avec l'OPA hostile de BBVA sur Banco de Sabadell en Espagne, qui relance la consolidation bancaire à la hussarde en Europe.

En Asie Pacifique, le Nikkei 225 échoue juste sous l'équilibre. La Chine reprend son ascension avec un Hang Seng à +1,2% et un CSI300 en hausse de +0,9%. C'est plus difficile ailleurs, notamment pour la Corée du Sud (-1,1%), l'Australie (-1%) et l'Inde (-0,7%). Bombay qui signe une cinquième séance de rang dans le rouge. Les indicateurs avancés européens évoluent autour de l'équilibre.

Le CAC40 démarre la journée en léger repli à 8128 points. Le Bel20 a mis du temps à ouvrir en attendant la cotation d'ArgenX (-5%), qui envoie l'indice en baisse de 0,9% à 3976 points.

Les temps forts économiques du jour

La Banque d'Angleterre tiendra le vedette avec sa décision de politique monétaire à 13h00. Aux Etats-Unis, les nouvelles demandes d'allocations chômage seront publiées à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro revient à 1,075 USD. L'once d'or varie peu à 2313 USD. Le pétrole remonte, avec un Brent de Mer du Nord à 83,91 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,15 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans rebondit à 4,51%. Le bitcoin se négocie 61 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas Ag : DBS Bank dégrade sa recommandation d'achat à conserver avec un objectif de cours de 227 EUR.
  • Ahold Delhaize : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 32 à 34 EUR.
  • Alstom : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 27,90 à 28,50 EUR.
  • AMS-Osram : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 1,70 à 1,50 CHF.
  • Anheuser-Busch Inbev : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 63 à 61 EUR.
  • ArcelorMittal : Goldman Sachs démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 26,60 EUR.
  • Arkema : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 107 à 117 EUR.
  • Barclays : Autonomous Research passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 210 GB à 260 GBX.
  • Biomérieux : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 120 EUR.
  • DBV Technologies : Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 1,35 à 1,20 EUR.
  • DiaSorin : Barclays démarre le suivi avec une recommandation de pondération de marché et un objectif de cours de 95 EUR.
  • Ems-Chemie Holding Ag : Berenberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 637 à 657 CHF.
  • Hermès International : DBS Bank démarre le suivi à conserver avec un objectif de cours de 2421 EUR.
  • Kering : DBS Bank démarre le suivi à conserver avec un objectif de cours de 363,16 EUR.
  • LVMH : DBS Bank démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 876,55 EUR.
  • OC Oerlikon Corporation : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver et relève l'objectif de cours de 4,50 à 5,10 CHF.
  • Orsted A/S : DBS Bank améliore son conseil de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 430 DKK à 485 DKK.
  • Saint-Gobain : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 94 à 100 EUR.
  • Siemens Energy Ag : Barclays dégrade de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 18 EUR.
  • UBS Group Ag : Oddo BHF maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 23 à 24 CHF.
  • Veidekke Asa : DNB Markets améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 120 NOK à 125 NOK.
  • Verallia : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 50 à 49,50 EUR.
  • Worldline : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 10,50 à 12 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • QatarEnergy, TotalEnergies et Petronas négocieraient un accord de production pétrolière, selon un responsable du Guyana. TotalEnergies a par ailleurs démarré la production du projet Eldfisk North (mer du Nord), dont il est opérateur avec un intérêt de 39,9%.
  • Quadient obtient des contrats aux Etats-Unis.
  • Voltalia remporte un projet solaire de 130 MW en Tunisie.
  • Le médicament contre la schizophrénie de Teva et Medincell atteint l'objectif principal d'une étude de phase III.
  • CGG lance sa solution AI cloud pour optimiser les flux de travail d'IA et d'HPC.
  • NHOA finalise la reprise de 40% du capital de KLC pour 4,6 M€ et monte à 100%.
  • Les principales publications du jour : HiPayLe reste ici.

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Airbnb perd 8% hors séance après son T1.
  • ARM Holdings perd 8% hors séance après son T1.
  • Beyond Meat s'effondre de 13% hors séance après son T1.
  • BPER Banca prévoit un bénéfice stable pour 2024 après une hausse de 57% de son revenu net au premier trimestre.
  • Nexi dépasse ses prévisions avec une hausse de 8,6% de son bénéfice.
  • Telefonica voit son bénéfice bondir de 79% au T1.

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

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Lectures