Les législateurs de l'État de New York reviennent lundi après une pause de deux semaines. Il leur reste un mois pour décider du sort d'un projet de loi controversé qui vise à rationaliser les restructurations de la dette souveraine, avec des centaines de milliards de dollars de contrats obligataires en jeu.

Vous trouverez ci-dessous des informations sur la proposition et ses ramifications potentielles.

POURQUOI EST-CE IMPORTANT ?

Contrairement aux entreprises ou aux particuliers, les pays ne peuvent pas déclarer faillite et le processus actuel de restructuration de la dette peut être coûteux en temps et en argent. Le projet de loi proposé vise à "fournir des mécanismes efficaces pour la restructuration de la dette souveraine et infranationale" et la réécriture de cette loi d'État affecterait rétroactivement les contrats de dette souveraine et leurs détenteurs dans le monde entier.

Il est nécessaire de mettre en place une architecture internationale plus solide et plus simple pour les restructurations, comme en témoignent les tentatives faites au cours des dernières décennies par diverses parties prenantes, dont la plus récente est le Cadre commun pour le traitement de la dette du Groupe des Vingt (G-20). Le Fonds monétaire international a récemment approuvé une réforme clé visant à promouvoir sa propre "capacité à soutenir les pays qui entreprennent des restructurations de dette".

Le projet de loi a été discuté à plusieurs reprises lors des réunions du FMI et de la Banque mondiale le mois dernier, certaines parties prenantes s'inquiétant des implications de son adoption éventuelle.

L'INTENTION DU PROJET DE LOI

Le projet de loi vise à renforcer "le rôle de l'État de New York en tant que principal lieu d'émission et de négociation de la dette souveraine". Il vise également à décourager les créanciers holdouts - parfois appelés fonds vautours - en limitant leur protection devant les tribunaux de l'État.

S'il est adopté, il permettra aux pays éligibles aux initiatives d'allègement de la dette d'opter pour un mécanisme fixe de restructuration ou pour un processus qui limiterait les créances des détenteurs d'obligations à celles que les États-Unis recevraient s'ils étaient un prêteur bilatéral.

"Les pays à faibles et moyens revenus sont confrontés à des charges financières inimaginables, qui sont aggravées par l'utilisation abusive des lois de l'État de New York par les créanciers non solvables", a déclaré Ben Grossman-Cohen, directeur des campagnes d'Oxfam America, un groupe de défense des intérêts qui soutient le projet de loi. "Il est grand temps que la législature de l'État prenne des mesures.

LA CONTROVERSE

Alors que les partisans du projet de loi et leurs soutiens le considèrent comme un moyen simple de contourner les complications liées à la restructuration de la dette, ses détracteurs affirment que des conséquences imprévues rendront les emprunts des pays pauvres encore plus coûteux.

"L'intention qui sous-tend le projet de loi n'est pas mauvaise, mais la mise en œuvre ne tient probablement pas compte de toutes les ramifications", a déclaré Trang Nguyen, responsable mondial de la stratégie de crédit des marchés émergents chez BNP Paribas, basée à Londres. Selon elle, bouleverser l'architecture de la dette souveraine sans l'apport du FMI, du Club de Paris et d'autres organisations pourrait être "très préjudiciable".

Mme Nguyen, qui a déclaré que le projet de loi avait été discuté "ad nauseam" lors des réunions du FMI en avril à Washington, a admis que l'architecture actuelle présentait des lacunes, mais a déclaré qu'un projet de loi imposé à toutes les parties prenantes ne serait pas bénéfique pour les pays débiteurs.

Selon le cabinet d'avocats Cleary Gottlieb, qui a conseillé à la fois des États et des créanciers dans le cadre de restructurations de dettes, le projet de loi pourrait également donner lieu à des contestations juridiques et entraîner la migration de la dette souveraine de New York vers d'autres juridictions.

QUELLE EST LA SUITE DU PROJET DE LOI ?

L'adoption éventuelle du projet de loi cette année devrait avoir lieu au cours des 18 sessions restantes avant la clôture de la législature le 6 juin.

Elle doit être discutée et votée au sein de commissions, des groupes restreints de législateurs au Sénat et à l'Assemblée. S'il est adopté, il sera discuté et voté séparément par l'ensemble des chambres. Une fois encore, en fonction de son approbation, le projet de loi est envoyé au gouverneur, qui peut le signer ou y opposer son veto. Un veto peut être annulé par une majorité des deux tiers dans les deux chambres. Les démocrates détiennent cette majorité, les deux chambres étant soumises à des élections le 5 novembre.