BERLIN/FRANCFORT, 26 avril (Reuters) - Thyssenkrupp va vendre une participation de 20% dans son activité d'aciérie à la holding énergétique EP Corporate Group (EPCG), contrôlée par l'hommes d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, un développement majeur pour le conglomérat allemand qui cherche depuis des années à céder cette division.

Thyssenkrupp Steel Europe, dont les origines remontent à plus de 200 ans, est le plus grand producteur d'acier allemand et un fleuron de l'industrie de la plus grande économie européenne.

Mais la concurrence à bas coûts des acteurs asiatiques, la hausse des prix de l'électricité et le ralentissement de l'économie mondiale ont mis en difficultés le sidérurgiste allemand, qui a accusé des pertes opérationnelles sur quatre des cinq dernières années.

L'accord avec Daniel Kretinsky est centré sur l'idée que la production d'acier nécessitera à l'avenir de l'électricité verte et bon marché, des domaines dans lesquels EPCG peut apporter sa contribution avec ses 22 gigawatts de capacité installée à travers l'Europe.

Les deux parties sont en négociations pour que Daniel Kretinsky achète une participation supplémentaire de 30%, en vue d'une coentreprise à 50/50, a déclaré Thyssenkrupp vendredi.

A la Bourse de Francfort, l'action Thyssenkrupp s'envolait de 9% à 4,86 euros à 10h30 GMT.

Aucun montant pour la transaction n'a été divulgué. Selon la société de courtage Baader, Thyssenkrupp pourrait recevoir 350 millions à 400 millions d'euros pour cette participation, à moins que des dépréciations supplémentaires ne soient annoncées pour l'activité à court terme.

"Notre objectif est un concept d'avenir qui mène à l'indépendance économique et à la réussite commerciale de Thyssenkrupp Steel", a déclaré Miguel Lopez, directeur général de Thyssenkrupp, dans un communiqué.

Dans un communiqué, Daniel Kretinsky a qualifié pour sa part l'accord de contribution importante à la décarbonisation de l'industrie d'acier, ajoutant que "l'ensemble du secteur européen de l'acier subira une transformation similaire à celle du secteur énergétique".

Thyssenkrupp s'est fixé pour objectif de faire passer son activité sidérurgique, qui emploie environ 27.000 personnes, à une production neutre pour le climat d'ici 2045, avec l'aide de subventions gouvernementales.

Le conglomérat industriel allemand a récemment annoncé des suppressions d'emplois et la réduction de la capacité de son principal site de Duisbourg, ce qui a constitué un point de friction dans les négociations avec Daniel Kretinsky et a suscité des critiques de la part du gouvernement allemand.

Un porte-parole du gouvernement allemand a déclaré vendredi que l'accord entre Thyssenkrupp et Daniel Kretinsky ne remettait pas en cause les subventions accordées au groupe. (Reportage Christoph Steitz, Andrey Sychev, Matthias Inverardi et Tom Kaeckenhoff ; version française Lina Golovnya, édité par Blandine Hénault)