Le premier juin, le monde entier poussait un soupir de soulagement quand les membres du Congrès américain annonçaient avoir trouvé in extremis un accord pour augmenter le plafond de la dette, au-delà de la date et du montant butoirs, et ainsi éviter un défaut de paiement de la première économie mondiale. 

La consolation aura été de courte durée. En effet, le 2 août dernier, Fitch Ratings, une des plus influentes agences de notation de la planète, aux côtés de Standard & Poor's et Moody's, décidait, plus de 11 ans après sa consœur S&P, de dégrader la note des Etats-Unis. En abaissant la note d'un cran, de AAA à AA+, l'institution a informé le monde entier qu'elle estimait que la solvabilité des émissions de titres de créance du pays était moindre qu'auparavant. 

Problème de dette

L'agence a justifié sa décision en déplorant une érosion de la gouvernance, des crises à répétition sur le plafond de la dette et des résolutions de dernière minute, fustigeant au passage les clivages politiques irréconciliables outre-Atlantique. 

Pour enfoncer le clou, et en réponse aux émois des dirigeants, Fitch a précisé s'attendre à une détérioration budgétaire au cours des 3 prochaines années, ainsi qu'à une augmentation croissante de la charge de la dette publique. Elle explique également que les efforts déployés pour réduire les coûts du régime de retraite et de l'assurance-maladie sont insuffisants. 

Des fondations solides ? 

Parmi les voix qui s'élèvent contre cette rétrogradation de la note, celle de ceux qui relèvent les points positifs de l'économie américaine : un marché de l'emploi qui demeure vigoureux, une consommation des ménages qui résiste en dépit de l'inflation, une croissance du PIB révisée à la hausse, et, malgré un déficit commercial croissant, des exportations solides sur certains segments, tels que les produits agricoles et la tech. 

Il reste tout de même un obstacle à passer. Certains observateurs considèrent que l'abaissement de cette note augmente la probabilité d'un shutdown en octobre, c'est-à-dire, d'un blocage du vote du budget 2024 par les républicains de la Chambre des représentants. Ironie du sort, puisque ce type d'impasses fait partie des raisons pour lesquelles Fitch a initialement revu à la baisse sa notation.

 

Dessin d'Amandine Victor