"Le niveau de rendement plus élevé exprimé dans les spreads est à la fois un encouragement et une sanction (pour avoir une politique budgétaire stable)", a déclaré Wolfgang Shäuble dans un article publié dans le journal allemand Tagesspiegel.

Il a ajouté que l'échec de la Grèce et de l'Irlande pour rembourser leur dette était un signe montrant que le système marchait.

"C'est pourquoi ce mécanisme ne devrait pas être abandonné via la mise en commun du niveau de rendement, y compris sous la forme d'une obligation souveraine européenne", a-t-il dit.

L'Allemagne est déterminée à saper l'idée d'un "euro-bond", une proposition portée par Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe des ministres des finances, dans le but d'intensifier l'intégration budgétaire.

L'idée est également défendue par le Premier ministre grec George Papandréou. Dans une tribune publiée vendredi par le quotidien Ethnos, il dit mener une bataille aux niveaux mondial et européen pour corriger les faiblesses du système bancaire international et les déséquilibres dans la zone euro.

"Dans cette bataille, nous formons des alliances sur des propositions comme les obligations souveraines européennes", confie le chef du gouvernement d'Athènes.

L'EURO STABLE À LONG TERME

Alors que les pays périphériques de la zone euro luttent pour faire face à la crise de la dette, l'Allemagne est en avance et creuse l'écart avec ses voisins européens.

La première économie de la zone euro craint qu'une obligation souveraine commune augmente son coût d'emprunt - le plus faible de l'Union européenne - et la conduise à subventionner les Etats mal gérés. Elle redoute aussi qu'un "euro-bond" dégrade la discipline des Etats nécessaire pour réduire le déficit budgétaire.

Schäuble a indiqué que les décisions du Conseil européen en octobre et décembre avaient établi les modalités pour passer d'une gestion de court terme de la crise de cette année à un mécanisme permanent de stabilisation l'année prochaine.

Il a ajouté qu'un tel système impliquerait également les créanciers privés.

"Il est aussi clair qu'un mécanisme permanent de gestion de la crise ne suppose pas simplement une solidarité de tous les Etats membres de la zone euro mais doit également intégrer une contribution des créanciers en cas de restructuration", a-t-il dit, précisant que cela prouverait que l'euro est une devise internationale stable.

"Avant tout, cela convaincra le monde de la finance internationale que l'euro reste une monnaie stable à long terme dont le monde dépend, ne fut-ce que parce que les vrais problèmes rencontrés dans d'autres endroits du monde ne sont en aucun cas moins importants que ceux de l'Europe", a-t-il souligné.

Dans ses voeux de Nouvel An, la chancelière allemande Angela Merkel a décidé de mettre l'accent sur l'attachement de son pays à l'euro, "beaucoup plus qu'une devise, le fondement de notre prospérité", dit-elle.

Annika Breidthardt, Florent Le Quintrec et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten