par Alexandre Boksenbaum-Granier

L'exercice 2010 a été très agité, marqué par les craintes d'un retour de la récession économique en début d'année, l'éclatement de la crise de la dette souveraine grecque en mars, puis celle de l'Irlande en novembre, qui ont alimenté les spéculations sur une possible contagion de ces crises à d'autres pays de la zone euro.

Le CAC 40 a ainsi clôturé en repli de 3,34% par rapport à 2009 à 3.804,78 points, malgré une progression de 5,38% en décembre, avec une volatilité forte, l'indice oscillant entre 3.287,57 points et 4.088,18 points cette année.

Les mesures de soutien à l'économie - notamment celles des banques centrales (Banque centrale européenne, Réserve fédérale américaine, Banque du Japon et Banque d'Angleterre) - ont éloigné la perspective d'un retour de la récession mais n'ont pas suffi à rassurer les investisseurs, pas plus que l'accord européen sur un mécanisme permanent de gestion de crise.

"UNE ANNÉE POUR RIEN"

Toutes les Bourses n'ont pas subi les affres de 2010 de la même façon, certaines comme celle de Francfort ayant largement surperformé les autres places européennes avec un indice Dax en hausse de 16% sur l'année, pendant que Madrid et Athènes ont chuté de 17% et 36%.

L'année "2010 a été une année pour rien, qui masque beaucoup de disparités et de soubresauts (...) On n'a pas arrêté d'hésiter entre des phases d'aversion et d'appétit pour le risque, qui correspondaient plus ou moins à des focus macro et micro", souligne Claire Chaves d'Oliveira, responsable de la gestion actions chez Groupama AM.

"C'est une année où il fallait plutôt miser sur l'émergence de la consommation dans les pays émergents et sur les exportations allemandes."

De fait, le secteur du luxe a profité de la dynamique asiatique, plus particulièrement chinoise, d'un redressement de la consommation aux Etats-Unis et d'une forte progression de la demande en Europe. LVMH a fini 2010 en tête des performances du CAC 40 avec un gain de 57% sur l'année, et PPR s'est adjugé 41%, soutenu notamment par Gucci.

Le secteur automobile fait également partie des bonnes surprises, Renault et Peugeot prenant tous les deux 20% grâce à la croissance du marché chinois, au rebond de celui de la Russie et aux achats motivés par la perspective de l'arrêt des primes à la casse dans de nombreux pays, cette mesure prenant fin au 31 décembre en France.

VERS UNE HAUSSE DU RISQUE DANS LES PORTEFEUILLES

La surperformance de la Bourse de Francfort s'explique d'ailleurs par l'embellie de l'automobile. BMW (+85%), Daimler (+36%) et Volkswagen (+38%) avaient contribué à hauteur de 5,6 points de pourcentage à la performance de l'indice DAX sur un an à fin novembre, souligne Fidelity Investment Managers dans un communiqué.

A l'inverse, les valeurs financières ont pâti de l'environnement macroéconomique difficile et des inquiétudes liées au durcissement de la réglementation du secteur, qui devrait rester convalescent en 2011.

Représentant près de 12% du CAC 40, Crédit Agricole, Société générale et BNP Paribas ont lourdement pesé sur l'indice en cédant respectivement 23%, 17,8% et 14,8% en 2010. Alstom accuse lui la plus forte baisse du CAC 40 (-27%).

Les analystes se veulent néanmoins plus optimistes pour 2011 et un large consensus se dessine en faveur de l'investissement sur des actifs risqués.

"La sortie (de 2010) semble positive car la perspective d'une rechute s'est éloignée et la probabilité d'un choc déflationniste a diminué, ce qui est plus séduisant pour les marchés", souligne Franck Nicolas, directeur gestion allocation globale chez Natixis AM.

"Les politiques ultra-accommodantes vont continuer en 2011, ce qui constitue une autre bonne nouvelle pour les marchés (...) En termes d'allocation d'actifs, (cela) va se traduire par une augmentation du risque dans les portefeuilles mais de manière pondérée et il y aura sans doute des manoeuvres tactiques (dans la gestion des portefeuilles) pendant encore quelques temps."

En la matière, les investisseurs pourraient encore plébisciter des petites valeurs, comme Plastic Omnium qui a bondi de 177% sur l'année.

L'indice Mid & Small 190 a gagné 18% en 2010 grâce notamment à la "quasi-absence des secteurs financiers et régulés (...) et la surreprésentation de valeurs bénéficiant de forts leviers de croissance", souligne Vincent Durel, gérant de FF France Fund.

Edité par Dominique Rodriguez