Mohamed Morsi s'est exprimé dimanche soir lors d'une rencontre avec des journalistes arabes.

"Le marché retrouvera la stabilité", a dit le président Morsi cité par Mena.

La chute de la livre "ne nous inquiète pas ou ne nous effraie pas, et dans les jours à venir, elle s'équilibrera", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le directeur de la Fédération bancaire égyptienne, Tarek Amer, a estimé que le nouveau système d'enchères pour l'achat et la vente de devises étrangères introduit dimanche par la banque centrale constituait un "premier pas important" vers un libre flottement du cours de la livre.

Celle-ci a poursuivi sa chute lors de la nouvelle adjudication de devises étrangères réalisée par la banque centrale, d'un montant de 74,8 millions de dollars. Elle est tombée à 6,3050 pour un dollar contre 6,2425 dimanche lors de la première opération de ce type.

Le nouveau dispositif vise à endiguer la baisse des réserves de change égyptiennes, qui ne représentent plus que trois mois d'importations, un niveau jugé critique par la banque centrale.

Les tensions politiques, liées notamment à la nouvelle constitution approuvée par référendum il y a quelques jours, ont poussé de nombreux Egyptiens à convertir leur épargne en dollars.

SITUATION ÉCONOMIQUE "TRÈS FRAGILE"

Pour les banquiers privés, le nouveau dispositif d'adjudications de la banque centrale préfigure une dévaluation en bon ordre de la livre alors que les autorités monétaires ont consacré ces deux dernières années plus de 20 milliards de dollars (15,2 milliards d'euros), soit plus de la moitié des réserves de change, à défendre la monnaie nationale.

Le Premier ministre, Hisham Kandil, a reconnu dimanche que l'économie égyptienne était dans une situation "très difficile et très fragile".

Il a annoncé que les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de 4,8 milliards de dollars reprendraient en janvier.

Le FMI a donné son accord de principe en novembre, mais le gouvernement du Caire a repoussé à janvier sa demande définitive et reporté une série de hausses d'impôt, afin de se donner le temps d'expliquer au pays son plan d'austérité.

Les efforts du chef du gouvernement pour relancer l'activité ont été mis à mal par les récents troubles, qui ont à nouveau fait fuir des touristes recommençant à fréquenter l'Egypte. Le secteur touristique fournit un emploi sur huit.

L'opposition compte bien exploiter les mesures de rigueur prévues par le gouvernement pour s'imposer face aux islamistes lors des élections législatives du début de l'an prochain.

Deux Egyptiens sur cinq vivent en-dessous ou au niveau du seuil de pauvreté et dépendent largement des aides publiques pour subsister, un poste budgétaire qui grève les finances de l'Etat.

Tom Perry et Patrick Werr, Hélène Duvigneau, Nicolas Delame et Pascal Liétout pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet