par Vladimir Soldatkin et Sabina Zawadzki

"Le 1er janvier à 10 heures (7h00 GMT), Gazprom cessera de fournir du gaz aux clients ukrainiens", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Naftogaz, le groupe gazier public ukrainien n'a pas pu être joint pour commenter cette annonce.

Gazprom, avait prévenu que ses ingénieurs commençaient les préparatifs pour une éventuelle coupure des approvisionnements gaziers à l'Ukraine, ce qui pourrait peser sur ceux destinés à l'Europe.

"Aujourd'hui à 19h00 une équipe spéciale a commencé à travailler sur des éléments techniques pour une coupure des approvisionnements", avait déclaré à la presse un responsable de Gazprom au siège du groupe, dans le sud de Moscou, dans la journée de mercredi.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui entretient des relations très difficiles avec l'Ukraine depuis l'arrivée au pouvoir en 2004 à Kiev de dirigeants pro-occidentaux, a averti de "sérieuses conséquences" pour l'Ukraine si elle utilisait ce dossier comme un prétexte pour bloquer le gaz destiné à l'Europe.

KIEV VEUT RASSURER L'EUROPE

Les autorités ukrainiennes ont elles assuré que l'approvisionnement de l'Europe passant par son territoire était garanti, contredisant les propos de Gazprom selon lesquels l'Ukraine prévoyait de confisquer du gaz destiné à l'Europe si Moscou réduisait ses livraisons.

Dans une réunion retransmise avec le président russe Dmitri Medvedev, Poutine a déclaré que Gazprom proposait de vendre à Kiev son gaz pour 250 dollars les 1.000 mètres cubes, soit 40% plus cher que le prix actuel mais moins que celui payé par les clients en Europe de l'Ouest.

"En dépit de cela, nos partenaires ukrainiens refusent de signer ces accords et ce contrat", a ajouté Poutine.

Les négociations se poursuivaient mercredi entre les deux pays, selon Kiev, mais le climat des discussions s'est durci ces dernières heures, Gazprom déclarant n'avoir reçu aucun règlement des dettes de l'Ukraine et accusant Kiev d'exercer un chantage sur l'Europe.

Le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, a annulé dans la journée un déplacement à Moscou, a déclaré mercredi à Reuters une source proche du gouvernement.

LE PRECEDENT DE 2006

En janvier 2006, après un différend similaire, Moscou avait mis ses menaces à exécution, perturbant brièvement l'approvisionnement de certains pays d'Europe de l'Ouest. Un quart de la consommation de gaz de l'Europe provient de Russie.

"Les négociations avec l'Ukraine n'ont pas abouti à un résultat définitif. La position qu'adopte l'Ukraine (...) n'est pas constructive", a déclaré le P-DG de Gazprom, Alexeï Miller, lors d'une intervention télévisée.

"Nous espérons qu'au cours des heures qui restent avant le Nouvel An, nous serons en mesure de parvenir à un accord."

"S'il n'y a pas d'accord à minuit (21h00 GMT), ou avant 10 heures du matin le 1er janvier, la Russie ne sera plus soumise à aucune obligation contractuelle de livrer du gaz au-delà (...) de la frontière avec l'Ukraine", a-t-il souligné.

Mardi, le géant russe avait reconnu que l'Ukraine avait commencé à lui payer les quelque deux milliards de dollars d'arriérés qu'il lui réclamait, l'un des principaux points de désaccord entre les deux parties.

Mais la question la plus épineuse à résoudre reste celle du prix que paiera l'Ukraine en 2009 pour le gaz russe, le contrat actuel arrivant à échéance mercredi soir.

"En l'absence de contrat, nous ne pouvons pas livrer de gaz à l'Ukraine et nous ne le ferons pas", a dit à la presse Alexander Medvedev, directeur de la filiale d'exportation de Gazprom.

Le groupe russe a appelé les dirigeants politiques ukrainiens à intervenir pour infléchir la position de Naftogaz, le groupe public ukrainien de l'énergie.

Version française Marc Angrand et Stanislas Dembinski