par Raoul Sachs

Le CAC 40 a fini la journée de mercredi sans grand changement (+0,03% à 3.217,97 points) dans un volume particulièrement étroit de 803 millions d'euros sur un total de 1,0 milliard d'euros échangés à Paris.

La perte annuelle est la plus forte jamais enregistrée par l'indice depuis sa création en juin 1988. La précédente baisse annuelle record remonte à 2002 (-33,8%).

Francfort, qui a fermé ses portes mardi, a accusé une perte annuelle record de 40,4% de même que Londres (-31,5%).

L'ensemble des marchés, toutes classes d'actifs confondues, ont connu une année rude, la crise financière déclenchée en 2007 par une crise de l'endettement et du crédit, aux Etats-Unis notamment, ayant contaminé le reste de l'économie en 2008.

Des professionnels veulent croire que l'action massive des banques centrales et les plans de relance budgétaire des gouvernements permettront de sortir de la récession dans la deuxième moitié de 2009, ce qui est loin d'être sûr.

"On veut oublier vite 2008. Mais ce n'est pas sûr que 2009 amène une embellie, au début en tous cas", dit un trader sur dérivés actions d'une banque américaine.

2008 aura été "l'année la plus difficile de l'histoire récente que la plupart des investisseurs et des acteurs préfèreront oublier", estiment les analystes crédit de Société générale.

"2008 a vu la faillite de plusieurs grandes banques et la fin du modèle du courtier indépendant", ajoutent-ils dans une note en soulignant que "le sort des trois grands constructeurs automobiles américains reste incertain". "L'économie américaine connaît sa plus longue période de récession depuis la fin de la guerre et l'économie mondiale commence à se paralyser".

Les primes de risques sur les marchés boursiers et du crédit ont atteint des niveaux historiques sur fond de craintes d'une multiplication des défauts de paiement.

HERMÈS SE DÉTACHE

Toutefois, des sociétés de gestion ou des brokers veulent voir une "lueur d'espoir" dans les plans de relance et l'action des banques centrales. Ils préconisent un retour prudent sur les actifs risqués (crédit et actions) dès les premiers signes de fin de récession.

Les valeurs bancaires, sinistrées par la crise du crédit, ont été les principaux moteurs de la baisse tout au long de l'année et, en fin d'année alors que la récession se confirmait, les valeurs automobiles ont rejoint le club de l'armée des victimes.

Dexia a accusé la plus forte perte annuelle du CAC (-81,41% à 3,2 euros), Renault (-80,88% à 18,55) et PSA Peugeot Citroën (-76,57% à 12,15) les deuxième et troisième plus fortes baisses.

Les valeurs défensives ont résisté. GDF Suez (-11,69% à 35,325) a enregistré la meilleure performance du CAC, suivi par France Télécom (-18,93% à 19,96 euros) et Essilor (-23,09% à 33,57 euros).

L'indice élargi SBF 120 a chuté de 43,09% en 2008. Seule l'action Hermès a fini en hausse au sein de cet indice.

Ce titre a fait l'objet de spéculations sur son éventuelle entrée dans le CAC 40. Si Hermès répond au critère de capitalisation, son capital flottant (27%) est très insuffisant, ce qui est admis par les dirigeants du groupe de luxe contrôlé à 73% par les héritiers d'Emile Hermès.

"Personne ne veut une répétition du cas Volkswagen", dit un analyste d'un broker parisien.

L'action Volkswagen a flambé de 60% en 2008 et a soutenu artificiellement l'indice Dax de Francfort en raison de son très faible flottant. Le titre a fait un bond de plus de 60% en 2008 alors que le Dax a chuté de plus de 40%.

VW a été soutenu par la prise de contrôle de Porsche, qui a ramassé des titres sur le marché, et s'est assuré fin octobre l'équivalent de 74% du capital.

La course à la sécurité en 2008 a été telle que les investisseurs se sont arraché les titres de dette des grands Etats, ce qui a écrasé les rendements. Le rendement de l'emprunt d'Etat allemand de référence à 10 ans de la zone euro a ainsi fini l'année sous 3%, à 2,95% contre 4,60% début juillet.

Raoul Sachs, édité par Jacques Poznanski