par Cooper Inveen et Diadie Ba

DAKAR, 4 février (Reuters) - Les forces de sécurité sénégalaises ont dispersé à l'aide de gaz lacrymogène dimanche à Dakar des manifestants qui protestaient contre le report de l'élection présidentielle, initialement programmée le 25 février.

Le président Macky Sall a annoncé samedi que le vote était reporté à une date indéterminée en raison d'un contentieux sur l'intégrité du processus électoral.

L'opposition et des groupes de la société civile ont dénoncé un coup de force institutionnel.

Le Parlement débattra lundi d'un projet de loi prévoyant la tenue du scrutin présidentiel le 25 août et la prolongation du mandat de Macky Sall jusqu'à la prise de fonctions d'un successeur, selon le texte du projet que Reuters a pu consulter.

Le Sénégal n'avait encore jamais reporté une élection présidentielle et l'incertitude sur les prochaines étapes de la crise politique risque d'alimenter de nouveaux troubles, alors que des manifestations violemment réprimées ces dernières années ont entaché la réputation du pays comme l'une des démocraties les plus stables d'Afrique occidentale.

A Dakar, environ 200 manifestants ont bloqué dimanche la circulation et érigé une barricade à l'aide de pneus enflammés sur une grande avenue de la capitale. La foule s'est retirée dans des rues adjacentes quand la police est intervenue à coups de gaz lacrymogène et a procédé à des interpellations.

Au moins deux candidats d'opposition à la présidentielle ont été arrêtés. Dans un message posté sur internet, Daouda Ndiaye dit avoir été attaqué par la police et l'équipe de campagne d'Anta Babacar Ngom a déclaré que cette dernière avait été arrêtée.

L'ancienne Première ministre Aminata Touré a également dit avoir été interpellée à peine sortie de son véhicule et conduite dans un commissariat de Dakar.

La police n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

D'autres manifestations sont annoncées lundi devant le Parlement.

Avant les manifestations de dimanche, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'est déclarée préoccupée par le report de la présidentielle et a réclamé qu'une nouvelle date soit fixée au plus tôt.

La France, ancienne puissance coloniale, a également appelé le Sénégal à "lever les incertitudes autour du calendrier électoral", disant suivre la situation "avec une vive attention". (Reportage Cooper Inveen, avec Diadie Ba, Ngouda Dione, Felix Onuah à Abuja, Elizabeth Pineau à Paris, Jean-Stéphane Brosse pour la version française)