par Jeremy Gaunt,

Selon plusieurs enquêtes Reuters, qui corroborent l'indice State Street mesurant la confiance des investisseurs, ces derniers anticipent des gains sur les marchés actions et devraient continuer à délaisser les placements moins risqués, aux rendements plus faibles, comme les obligations d'Etat.

Toutefois, trois facteurs majeurs pourraient entraver l'enthousiasme des investisseurs: le commerce chinois, l'économie américaine et le sort des milliards de dollars injectés dans les fonds d'Etat américains.

La reprise de l'économie américaine sera très rapidement soumise à une première évaluation, avec les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, publiés le 7 janvier.

Cette statistique sera particulièrement attendue, dans la mesure où les investisseurs estiment de plus en plus que le ralentissement de l'économie américaine mi-2010 n'était que temporaire.

Les Bourses américaines ont d'ailleurs rebondi dernièrement, ce qui a même permis au Nasdaq de surperformer l'indice des marchés émergents MSCI.

COUT ÉLEVÉ DE LA DETTE AMÉRICAINE

Autre source d'inquiétude, le marché obligataire américain, affecté par l'effet conjugué d'une hausse des cours des actifs plus risqués, d'une baisse des impôts menaçant de creuser le déficit américain et d'un sentiment général selon lequel les fonds d'Etat sont peut-être surévalués.

Ces dernières semaines, les Treasuries ont donc subi des ventes massives pendant quelques séances, notamment après une adjudication de dette à cinq ans qui s'est caractérisée par une faible demande.

"Le retour sur investissement des obligations de courte et moyenne maturité est généralement faible", expliquait dernièrement à ses clients Tristan Hanson, stratège chez le gestionnaire de fonds Ashburton.

Il précisait en revanche que la dette à 30 ans constituait une bonne protection contre d'éventuelles inquiétudes sur la croissance mondiale.

Des ventes ordonnées d'obligations n'inquièteraient pas outre mesure les investisseurs qui s'attendent de toute façon à un retour aux actifs à risques.

Si le mouvement s'avérait cependant trop brutal, de fortes tensions sur les rendements pourraient perturber les investisseurs et avoir sur les liquidités un effet contraire à celui recherché par des institutions comme la Réserve fédérale.

Selon les dernières enquêtes Reuters, les rendements des Treasuries devraient atteindre environ 3,40% d'ici un an. Or ce niveau a déjà été approché cette semaine.

CONFLITS COMMERCIAUX EN VUE

Enfin, les investisseurs pourraient se trouver confrontés dans les semaines à venir à la décision de Pékin de réduire ses quotas d'exportations de terres rares de 35% au premier semestre 2011, par rapport à l'année précédente.

Or, la Chine produit environ 97% des terres rares utilisées dans le monde. Cette appellation désigne 17 métaux aux propriétés électromagnétiques très recherchées dans les technologies de pointe: voitures hybrides et électriques, énergies renouvelables, électronique, éclairage et armement.

La potentielle hausse des prix n'est pas la principale source d'inquiétude pour les investisseurs qui craignent davantage l'irruption de conflits commerciaux, susceptibles de fragiliser durablement la reprise mondiale.

Catherine Monin pour le service français, édité par Cyril Altmeyer