(Rpt technique, texte identique)

* Fusillade dans une école élémentaire du Connecticut

* L'auteur des coups de feu décédé sur place, selon la police

* C'est l'une des tueries les plus meurtrières aux USA

* Débat sur le port d'armes relancé (Actualisé avec veillée de prière, éléments sur l'auteur présumé, rassemblement devant la Maison blanche, débat sur le port d'armes)

par Hilary Russ et Dave Gregorio

NEWTOWN, Connecticut, 14 décembre (Reuters) - Un homme lourdement armé a abattu vendredi 20 enfants et six adultes dans une école élémentaire de Newtown, dans le Connecticut, suscitant effroi et incompréhension aux Etats-Unis, où le débat sur le port d'armes a été immédiatement relancé.

Il s'agit de l'une des tueries de ce type les plus meurtrières dans l'histoire des Etats-Unis.

L'auteur des coups de feu, un homme de 20 ans nommé Adam Lanza selon deux sources informées du déroulement de l'enquête, est décédé dans l'enceinte de l'école Sandy Hook, a dit Paul Vance, lieutenant de la police du Connecticut. Cet établissement accueille des enfants âgés d'environ cinq à 10 ans.

Un adulte lié au suspect a en outre été retrouvé mort dans un autre endroit de Newtown, ce qui porte le bilan total à 28 morts, a précisé Paul Vance.

Emu aux larmes, Barack Obama est intervenu à la télévision pour affirmer que les Américains avaient "le coeur brisé". Il a ordonné que les drapeaux soient mis en berne sur tous les bâtiments publics du pays. (voir )

Egrénant la liste des nombreuses tueries survenues ces dernières années aux Etats-Unis, le président américain a prévenu qu'il faudrait prendre "une action significative pour éviter de nouvelles tragédies comme celle-ci, sans nous soucier de politique", dans une allusion manifeste au puissant lobby des armes à feu, la National Rifle Association.

Dès que la nouvelle de cette fusillade a commencé à se répandre, des parents pris de panique ont accouru vers l'école à la recherche de leurs fils ou de leurs filles tandis que des écoliers en sang étaient évacués du bâtiment.

Dans la soirée, des centaines d'habitants de Newtown, bourgade aisée nichée dans la verdure à 130 kilomètres environ au nord-est de New York, se sont rassemblés dans l'église catholique Ste Rose de Lima à quelques centaines de mètres seulement du lieu du drame.

"La vie ne sera plus jamais la même à Newtown", a dit le prêtre de la paroisse, Robert Weiss, après avoir passé la journée auprès des familles des victimes. "Nous avons 20 nouveaux saints aujourd'hui. Nous avons 20 anges magnifiques."

Choquée, la foule est restée rassemblée longtemps après la fin du service. Certains continuaient de se recueillir, d'autres se serraient dans les bras pour tenter de se réconforter.

ZONES D'OMBRE

Beaucoup de zones d'ombres demeurent sur le profil de l'auteur présumé de la tuerie et de sa famille.

Des médias américains ont dans un premier temps rapporté que sa mère, Nancy, était enseignante dans l'école et qu'il l'avait abattue, elle et ses élèves. Dans la soirée, il semblait plutôt que cette femme était la victime retrouvée sur l'autre scène de crime, sans que l'on sache clairement son lien avec l'établissement scolaire.

Selon Dan Holmes, un paysagiste de Newtown ayant installé la semaine dernière des décorations de Noël dans le jardin de Nancy Lanza, cette dernière était "très charmante" et collectionnait les armes à feu.

"Elle disait qu'elle allait souvent s'exercer au tir avec ses enfants", a dit Dan Holmes.

La police a refusé de confirmer le moindre détail au sujet de la famille Lanza. Elle espère disposer d'informations supplémentaires samedi.

D'après le New York Times, Adam Lanza a utilisé deux pistolets, un Sig Sauer et un Glock, et la police a retrouvé sur place une carabine Bushmaster M4 dont elle pense qu'elle lui appartenait.

Ryan Lanza, frère de l'auteur présumé de la tuerie, a été arrêté ou au moins interrogé, a dit l'une des sources au courant de l'enquête.

Selon la police, 18 enfants ont trouvé la mort sur les lieux mêmes de la fusillade et deux autres ont succombé à leurs blessures à l'hôpital.

Paul Vance a dit que la tuerie s'était produite le matin dans deux salles de classe, alors que les enfants étaient en train de s'installer.

Certains témoins disent avoir entendu jusqu'à 100 coups de feu.

"C'était terrible", a déclaré Brenda Lebinski venue à l'école récupérer sa fille. "Tout le monde était hystérique, parents, élèves. Il y avait des enfants qui sortaient de l'école ensanglantés. Je ne sais pas s'ils avaient été touchés, mais ils étaient couverts de sang."

RASSEMBLEMENT DEVANT LA MAISON BLANCHE

Une fillette interrogée par NBC Connecticut a dit avoir entendu sept déflagrations très fortes alors qu'elle se trouvait en cours d'éducation physique. "Un policier est entré et nous a dit de sortir en courant, ce que nous avons fait", a déclaré la fillette.

Plus de 12 heures après la tuerie, les cadavres des enfants, des adultes et de l'auteur des coups de feu se trouvaient toujours dans l'enceinte de l'établissement dans l'attente de leur identification.

Les Etats-Unis ont connu de nombreuses tueries en 2012, la dernière en date avant celle de Newtown étant survenue mardi quand un homme armé a abattu deux personnes avant de se suicider dans un centre commercial de l'Oregon. (voir )

La plus meurtrière jusqu'alors s'était produite en juillet durant la projection du dernier épisode de Batman dans un cinéma du Colorado. Il y avait eu 12 morts et 58 blessés.

La fusillade de Newtown, d'autant plus bouleversante qu'elle a frappé de jeunes enfants, devrait relancer le débat sur les armes à feu aux Etats-Unis.

Porte-parole de Barack Obama, Jay Carney a assuré que le président était déterminé à essayer d'obtenir le rétablissement de l'interdiction de certaines armes semi-automatiques, que les parlementaires américains ont laissé expirer en 2004 en raison du poids des partisans du port d'armes au sein de l'électorat.

Malgré le froid, environ 200 personnes se sont rassemblées dans la soirée devant la Maison blanche pour réclamer un contrôle des armes à feu.

Le maire de New York, Michael Bloomberg, a pour sa part réclamé une "action immédiate".

"Nous connaissons déjà tous les discours. Mais nous n'avons jamais vu quelqu'un prendre l'initiative, ni à la Maison blanche, ni au Congrès", a dit Michael Bloomberg, fondateur de l'association des Maires contre les armes illégales. "Cela doit prendre fin aujourd'hui."

Dans une lettre à Barack Obama, François Hollande s'est dit "horrifié" et lui a transmis les condoléances du peuple français. "En ce moment si douloureux pour les Etats-Unis, je vous adresse mes condoléances attristées, en mon nom personnel et au nom du peuple français", a ajouté le chef de l'Etat. (Julien Dury, Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Bertrand Boucey pour le service français)