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WASHINGTON, 18 mars (Reuters) - Deux semaines après le "Super Tuesday" qui lui avait permis de basculer en tête, Joe Biden s'est rapproché mardi à grands pas de l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle américaine du 3 novembre prochain, en remportant de très larges victoires en Floride, dans l'Illinois et l'Arizona.

L'ancien vice-président de Barack Obama a creusé un écart quasi définitif avec son rival Bernie Sanders, devancé de près de 40 points de pourcentage en Floride, de plus de 20 points de pourcentage en Illinois et de plus de 10 en Arizona.

Ces gains obtenus par Joe Biden alimentent désormais les questions sur l'avenir de la campagne de son adversaire, sénateur indépendant du Vermont et socialiste autoproclamé, dans un contexte bouleversé par l'épidémie de coronavirus.

Les trois candidats démocrates encore en lice (la représentante d'Hawaï Tulsi Gabbard reste officiellement engagée) doivent se départager les 3.979 délégués en jeu, répartis Etat par Etat à la proportionnelle entre les candidats ayant obtenu au moins 15% des voix, avec l'objectif d'en réunir une majorité (1.991 au moins) pour s'assurer l'investiture du parti.

Voici les dates qui jalonnent le processus électoral, sous réserve de modifications en raison de la crise sanitaire en cours:

Les caucus de l'Iowa ont ouvert le bal le 3 FÉVRIER. Après vingt-et-une heures d'une chaotique attente, les instances locales du parti sont en mesure d'annoncer que Pete Buttigieg arrive en tête en nombre de délégués avec une infime avance sur Bernie Sanders.

Le 11 FÉVRIER, la primaire du New Hampshire (24 délégués) débouche sur la victoire de Bernie Sanders devant Pete Buttigieg. Comme dans l'Iowa, Joe Biden, l'ex-vice-président de Barack Obama, est distancé.

Le 22 FÉVRIER, les caucus du Nevada (36 délégués), où l'application téléphonique à l'origine du bug de l'Iowa a été abandonnée, confortent le statut de favori de Bernie Sanders, donné largement en tête. "Nous avons rassemblé une coalition multigénérationnelle et multiraciale qui va non seulement gagner dans le Nevada, mais aussi balayer le pays", s'enthousiasme le vétéran de la primaire.

Après avoir été distancé dans l'Iowa et le New Hampshire, Joe Biden redresse la tête et devance pour la première fois Pete Buttigieg, son rival dans le camp des modérés. "Les médias sont prompts à prononcer la mort des gens, mais nous sommes en vie, nous revenons et nous allons gagner", promet-il à ses partisans.

Le 29 FÉVRIER, en Caroline du Sud (54 délégués), Joe Biden remporte sa première victoire avec un score très confortable proche de 50%. "Les démocrates veulent un candidat qui soit démocrate", lance-t-il à ses partisans. "La plupart des Américains ne veulent pas la promesse d'une révolution." Bernie Sanders se classe deuxième avec 20% des voix.

Le milliardaire Tom Steyer, troisième avec 11%, annonce aussitôt le retrait de sa candidature, bientôt imité par Pete Buttigieg et Amy Klobuchar, qui redessinent les contours des primaires en apportant leur soutien à Biden.

"La voie s'est rétrécie au point de se fermer pour notre candidature, si ce n'est pour notre cause", reconnaît le vétéran de l'US Army, âgé de 38 ans et seul candidat ouvertement homosexuel.

Amy Klobuchar en fait de même. "Joe Biden a dédié sa vie à la lutte pour le peuple. Pas aux riches et aux puissants, mais aux mères de famille, agriculteurs, rêveurs, vétérans. Il peut rassembler notre pays", déclare la sénatrice du Minnesota sur la scène d'un meeting de l'ex-vice-président à Dallas, au Texas.

Ils ne sont dès lors plus que cinq à prétendre à l'investiture démocrate - alors qu'ils furent un temps plus d'une vingtaine.

Le "SUPER TUESDAY" du MARDI 3 MARS confirme la résurrection de Joe Biden, fort d'une victoire dans neuf des quatorze Etats en jeu, dont le Texas. "A ceux qui ont été mis à terre, donnés battus, laissés pour compte, je dis ceci: c'est votre campagne !", lance-t-il devant ses partisans en liesse réunis à Los Angeles.

Bernie Sanders se console avec le "gros lot" de la Californie, qui votait plus tôt cette année que lors des précédentes primaires.

Cette étape cruciale marque un double tournant dans la campagne: Michael Bloomberg avait opté pour une stratégie inédite, faisant l'impasse sur les premiers rendez-vous de la primaire pour n'entrer en lice qu'à l'occasion de ce "Super Tuesday". Mais les 500 millions de dollars prélevés sur sa campagne pour financer des spots publicitaires et recruter des milliers de représentants locaux n'y ont rien fait. Mis en échec, le milliardaire se retire et apporte son soutien à Joe Biden, qui lui disputait sensiblement le même espace politique.

Sur l'aile gauche du parti, après des résultats décevants, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren annonce, elle aussi, son retrait mais ne donne pas de consignes de vote. .

Le 10 MARS, fort de ses succès dans le Michigan, le Missouri, le Mississippi et l'Idaho, Joe Biden conforte son avance sur Bernie Sanders et appelle à l'unité du Parti démocrate dans l'espoir de battre Donald Trump lors du scrutin de novembre.

"Nous partageons un but commun et ensemble nous vaincrons Donald Trump", lance-t-il à l'adresse du sénateur socialiste et de ses partisans.

La pression semble s'accentuer sur Bernie Sanders pour qu'il retire sa candidature et appuie la campagne de Biden. "L'arithmétique est claire: Joe est notre candidat et je suis heureux de soutenir sa candidature à la présidence", déclare sur CNN l'ancien candidat à l'investiture démocrate Andrew Yang, ajoutant son nom à la longue liste des ex-candidats s'étant ralliés Biden.

Le 17 MARS, Joe Biden porte un nouveau coup d'apparence décisif en raflant la primaire de Floride, qui désigne 219 délégués, avec environ 60% des suffrages contre 20% à son rival, ainsi que celles de l'Illinois (155 délégués) et de l'Arizona (67).

Face aux craintes de contagion du nouveau coronavirus, la primaire de l'Ohio (136 délégués) qui devait se dérouler le même jour est reportée.

Sept autres Etats ont également repoussé leur vote, dont la Géorgie qui devait se prononcer le 24 mars, la Louisiane (4 avril), le Maryland (28 avril) et le Kentucky (19 mai).

La course doit normalement s'achever le 2 JUIN mais le calendrier reste désormais suspendu à l'évolution de la situation sanitaire aux Etats-Unis.

S'exprimant d'un ton austère depuis son domicile dans l'Etat du Delaware, Joe Biden, 77 ans, a déclaré que l'épidémie de coronavirus nécessitait un leadership de la part de la Maison blanche et lancé un appel au ralliement de nombreux jeunes soutenant Bernie Sanders.

Le candidat démocrate sera formellement investi lors de la Convention nationale du Parti démocrate qui se déroulera du 13 AU 16 JUILLET à Milwaukee, dans le Wisconsin, un Etat qui a fait cruellement défaut aux démocrates en novembre 2016. Donald Trump y avait devancé de justesse Hillary Clinton. Aucun candidat républicain ne s'y était imposé depuis 1984.

Les républicains se mettront pour leur part en ordre de marche à Charlotte, en Caroline du Nord, du 24 AU 27 AOÛT.

Le premier débat présidentiel aura lieu le 29 SEPTEMBRE dans l'Indiana. Suivront deux autres débats, le 15 OCTOBRE dans le Michigan et le 22 OCTOBRE dans le Tennessee.

Les électeurs américains se rendront aux urnes le 3 NOVEMBRE. En plus du président et de son candidat à la vice-présidence, ils renouvelleront aussi la totalité des 435 élus de la Chambre des représentants et 35 des 100 sièges du Sénat, dont 23 sont actuellement détenus par le Parti républicain.

(Ginger Gibson et Joseph Ax édité par Henri-Pierre André)