Paris (awp/afp) - Le géant informatique français Atos, en retard sur le marché stratégique du cloud, a reconnu lundi qu'il ne renouerait pas comme prévu avec la croissance en 2021 après la crise du Covid-19, un aveu immédiatement sanctionné par une baisse de plus de 15% de l'action.

Lundi, en fin de matinée, le titre perdait 16,95% à 43,80 euros, sous le plus bas de 47,64 euros atteint en mars 2020, au moment de la chute boursière consécutive aux confinements mondiaux.

Atos prévoit désormais pour 2021 une "stabilité" de son chiffre d'affaires à taux de change constants en 2021, contre une prévision de 3,5 à 4% de croissance auparavant.

Il baisse également sa prévision de taux de marge opérationnelle pour 2021 (à environ 6% contre 9,4 à 9,8% prévu auparavant), et sa prévision de flux de trésorerie disponible, ajustée à "positif" contre une anticipation de "550 millions d'euros à 600 millions d'euros" (près de 600 à plus de 650 millions de francs suisses) précédemment.

Cette annonce est un nouveau coup dur pour le groupe informatique français, depuis longtemps sous-valorisé par le marché boursier par rapport à ses concurrents en raison d'une certaine défiance sur sa capacité à générer de la croissance organique.

Depuis l'automne dernier, Atos a vu sa filiale américaine Syntel condamnée à payer une amende de 855 millions de dollars dans un litige antérieur à son rachat par Atos. Il a aussi affronté l'incompréhension des analystes sur un projet d'achat avorté d'entreprise outre-Atlantique, et encaissé un camouflet de ses commissaires aux comptes qui ont émis une réserve sur ses comptes 2021 aux Etats-Unis.

Pour expliquer ce retour à la croissance plus lent que prévu après le Covid, Atos et son directeur général Elie Girard mettent en avant des ventes plus décevantes que prévues au 2ème trimestre, "en raison d'une accélération du déclin des activités d'infrastructures classiques dans un contexte de migration plus forte vers le cloud post-Covid".

Ces ventes ont reculé de 1,5% en organique, et sont restées stables à taux de change constants, a indiqué Atos.

Accélérer la transformation du groupe

Atos s'est construit notamment comme un grand fournisseur de services d'infogérance, prenant en charge les infrastructures informatiques physiques de ses clients dans des contrats d'externalisation.

Mais les entreprises sont de plus en nombreuses à basculer dans le cloud, en s'appuyant sur des infrastructures informatiques dématérialisées, des "machines virtuelles", popularisées par des géants américains comme Amazon ou Microsoft.

Sous la houlette de son directeur général Elie Girard - qui a succédé à Thierry Breton à l'automne 2019 - le groupe se recentre vers ce nouveau type de services, et les autres activités informatiques en pleine croissance, la digitalisation (numérisation des métiers), la cybersécurité ou la décarbonation.

Atos a indiqué lundi qu'il allait encore "accélérer sa transformation -à la fois organique et inorganique- afin (...) de se concentrer" sur ces quatre métiers d'avenir, qui aujourd'hui représenteraient environ la moitié de ses activités, selon les estimations d'Elie Girard.

"En particulier, la revue stratégique du portefeuille des actifs non-coeur de métier est en voie de finalisation et le groupe communiquera sur les conclusions le 28 juillet prochain (date d'annonce des résultats du 1er semestre 2021), afin de passer rapidement à la phase d'exécution", a-t-il ajouté.

"Les négociations avec les partenaires sociaux concernant le nécessaire redressement des activités d'infrastructure en Allemagne ont conclu à un plan de départ d'environ 1.300 salariés, qui doit permettre un accroissement de 1% de la marge opérationnelle au niveau du Groupe à moyen terme", a précisé Atos.

Atos précise en revanche qu'il continue de prévoir une "amélioration de tous ses indicateurs financiers clés dès 2022", après une année 2021 désormais vue comme une année de "transition".

afp/fr