par Dmitry Zhdannikov et Ron Bousso

LONDRES, 14 septembre (Reuters) -

La démission du directeur général de BP, Bernard Looney, a plongé la major pétrolière britannique dans une crise de gouvernance, aucun candidat n'ayant été préparé pour lui succéder, ont observé des sources industrielles et au sein de l'entreprise.

Plusieurs cadres actuels et anciens de BP sont considérés comme des candidats potentiels pour succéder à Bernard Looney, qui a démissionné de son poste de directeur général mardi après avoir reconnu un manque de transparence dans ses relations personnelles passées avec des employés, selon les sources.

Bernard Looney est parti après trois ans et demi à la tête de l'entreprise, et une carrière entière au sein de la major britannique.

Durant son mandat, il s'est concentré sur l'établissement d'une stratégie à long terme pour la transition énergétique de BP afin de passer du pétrole et du gaz aux énergies renouvelables.

L'ancien directeur, âgé de 53 ans, n'avait pas commencé à préparer sa succession car il prévoyait de rester à son poste pendant les années à venir, selon des sources au sein de l'entreprise.

Pour parer à l'urgence, le conseil d'administration de BP a nommé le directeur financier Murray Auchincloss au poste de directeur général par intérim.

Et il a entamé des recherches internes et externes pour trouver un nouveau directeur général à titre permanent, a déclaré le président Helge Lund au personnel lors d'une réunion publique mercredi, selon des sources présentes lors de la réunion.

Murray Auchinclosse, âgé de 52 ans, a travaillé en étroite collaboration avec Bernard Looney sur l'élaboration de la stratégie de transition énergétique de BP et a préconisé de se concentrer sur les actifs à haut rendement pour financer la transition, selon deux sources de l'entreprise.

La probabilité pour que Murray Auchinclosse reste directeur général à long terme semble toutefois mince, ont estimé trois sources auprès de Reuters.

"Murray est un homme formidable et un bon et solide directeur financier. Mais je doute qu'il reste directeur général", a déclaré une source proche de BP, faisant remarquer son manque d'expérience dans les activités commerciales.

Parmi les autres candidats à la succession de Bernard Looney, figurent le président Helge Lund lui-même, le vice-président exécutif pour la production et les opérations Gordon Birrell ainsi que le vice-président exécutif pour les régions William Lin.

Un porte-parole de BP n'a pas souhaité faire de commentaires.

Pour les sources, Helge Lund apparaît de loin comme le candidat le plus évident. Le Norvégien, 60 ans, a déjà dirigé le groupe Equinor et BP avant sa fusion avec Shell.

Sa motivation pourrait toutefois faire défaut. Il a reconnu, lors de conversations privées avec des sources au sein de l'entreprise, qu'il avait peut-être dépassé le stade où il souhaitait revenir au rôle très dynamique de directeur général.

Dans les candidatures externes, trois noms sont évoqués - ceux de trois anciens cadres dirigeants de BP.

A savoir le directeur général de Rolls-Royce, Tufan Erginbilgic, qui a précédemment dirigé les activités en aval de BP, et le président d'Ineos Energy, Brian Gilvary, qui était auparavant directeur financier de BP.

Les deux hommes étaient déjà dans la course à la succession du directeur général Bob Dudley en 2020 avant d'être battus par Bernard Looney.

Al Cook, qui dirige le géant du diamant De Beers après avoir occupé des postes de cadre supérieur chez BP et Equinor, est également considéré comme un candidat potentiel, ont déclaré les trois sources.

Brian Gilvary n'a pas souhaité faire de commentaires. Tufan Erginbilgic et Al Cook n'avaient pas répondu à une demande de commentaires.

(Reportage Dmitry Zhdannikov, version française Nathan Vifflin, édité par Blandine Hénault)