Genève (awp) - La Banque nationale suisse (BNS) s'est montrée "efficace" dans sa lutte contre l'inflation menée avec "prévoyance et souplesse", s'est félicité Thomas Jordan pour son dernier discours à la tête de l'institution vendredi. Les prix devraient demeurer stables ces prochaines années.

"Après des années marquées par un renchérissement particulièrement faible, et alors que la pandémie de Covid-19 touchait à sa fin, l'inflation s'est soudainement déchaînée dans le monde, balayant l'illusion que ce phénomène n'était que le vestige d'une époque révolue". C'est ce qu'a déclaré en préambule le président du directoire sortant lors de l'assemblée générale de la BNS qui s'est tenue à Berne.

Le resserrement de la politique monétaire, consistant dans un premier temps à limiter jusqu'à cesser les achats de devises, a permis de juguler en Suisse le renchérissement brutal qui a suivi le "redressement spectaculaire" de l'économie mondiale à la fin de la pandémie, a justifié le Biennois.

Ce n'est que dans un deuxième temps, en juin 2022, alors que la hausse des prix était déjà très élevée dans d'autres économies et que l'inflation évoluait autour de 3% en Suisse, que l'institut d'émission a décidé de relever ses taux - de 2,5 points en l'espace de douze mois. Ces relèvements successifs ont pesé sur la demande, permettant de contrer ainsi la pression inflationniste, selon lui. A cela sont venues s'ajouter les ventes de devises dès le deuxième semestre de 2023, faisant grimper le cours du franc.

Agir vite

Cette stratégie prospective a permis des limiter les effets de second tour, à savoir une augmentation des prix résultant d'une hausse des coûts, susceptible de déclencher une spirale inflationniste, a assuré M. Jordan.

"En d'autres termes, si nous n'avions pas resserré rapidement les rênes monétaires, il nous aurait fallu relever ultérieurement notre taux directeur à un niveau beaucoup plus élevé, ce qui aurait pu avoir des conséquences négatives sur la conjoncture et sur le marché du travail." Sans oublier l'augmentation des loyers découlant de la hausse du taux d'intérêt de référence.

Cette stratégie orientée sur le moyen terme et menée avec "prévoyance et souplesse dans la mise en oeuvre" permet à la banque centrale d'agir de manière agile et avec sérénité sans besoin d'agir en permanence ou avec des mesures radicales, affirme Thomas Jordan.

Et c'est ce qui lui a permis d'assouplir à nouveau sa politique monétaire cette année. En mars, devant la nette atténuation de la pression inflationniste et l'appréciation du franc en termes réel, la BNS a ainsi abaissé son taux directeur de 0,25 point pour le faire passer à 1,5%.

"Depuis quelques mois en effet, le renchérissement se situe à nouveau au-dessous de 2%, et d'après notre dernière prévision en date, il devrait demeurer dans la plage de stabilité des prix ces prochaines années", a assuré Thomas Jordan. Il a cependant rappelé que dans l'environnement actuel, empreint d'incertitude, l'institution se réserve la possibilité d'adapter au besoin sa politique monétaire.

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