GENEVE, 7 mai (Reuters) - La fermeture des deux principaux points d'accès au sud de la bande de Gaza, dont celui de Rafah dont l'armée israélienne a pris le contrôle dans la nuit de lundi à mardi, a pour effet de pratiquement sevrer l'enclave palestinienne d'aide extérieure, ont déclaré mardi des agences des Nations unies.

Principale voie d'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis le début de l'offensive menée par Israël en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, le point de passage de Rafah, ville frontalière de l'Egypte, était jusque-là le seul accès à l'enclave palestinienne non-contrôlé par Israël.

Dans le cadre de son opération à Rafah, où s'est réfugiée près de la moitié des 2,3 millions de Gazaouis depuis le début des combats, l'armée israélienne a aussi fermé le point de passage de Kerem Shalom.

Tsahal dit mener une opération limitée à Rafah avec l'objectif d'abattre les combattants du Hamas et de démanteler ses infrastructures dans la ville qu'Israël considère comme le dernier bastion du groupe palestinien.

"Les deux principales artères pour livrer de l'aide dans Gaza sont pour l'heure bloquées", a déclaré à des journalistes le porte-parole du Bureau des affaires humanitaires de l'Onu.

Jens Laerke a ajouté que les agences onusiennes disposaient sur place de stocks d'aide extrêmement limités, puisque les livraisons humanitaires étaient utilisées immédiatement, et de stocks de carburant pour une journée seulement.

"Si aucun carburant n'arrive pendant une période prolongée, cela aura pour effet très efficace d'enterrer l'opération humanitaire", a-t-il dit.

Interrogé par des journalistes, un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué qu'aucune exception n'était en vigueur pour les personnes hospitalisées et les malades.

Bien que certaines livraisons, à l'exception de carburant, ont été effectuées ces derniers jours dans la bande de Gaza via le point d'Erez, au nord du territoire, l'Onu juge que les flux sont insuffisants et souligne la difficulté à acheminer des aides à Rafah puisque cela signifierait de traverser des zones de combat actives.

"(Le point) d'Erez ne sera tout simplement pas suffisant", a déclaré James Elder, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). "Si le passage de Rafah est fermée pour une période prolongée, il est difficile d'imaginer comment éviter une famine à Gaza", a-t-il ajouté.

Avant même la dernière opération en date lancée par l'armée israélienne, les Nations unies ont accusé à plusieurs reprises Israël de restreindre les points d'accès humanitaires, en dépit d'avertissement sur la situation catastrophique dans la bande de Gaza.

Israël, qui fait face à une pression internationale croissante, a promis d'améliorer les accès humanitaires tout en reprochant aux agences onusiennes leur incapacité à distribuer de l'aide efficacement dans l'enclave palestinienne. (Emma Farge; version française Jean Terzian, édité par Zhifan Liu)