Les places financières ont été quelque peu chahutées ces dernières semaines, rattrapées par les tensions géopolitiques au Moyen Orient et par la perspective d’un report de la première baisse de taux aux Etats-Unis, compte tenu de la robustesse de l’économie américaine et la remontée de l’inflation. Les grands indices ont ainsi subi quelques prises de bénéfices légitimes, après quatre mois de hausse ininterrompue. La volatilité remonte d’un cran et les grosses capitalisations en pâtissent.  

Les dernières données macroéconomiques ont, en effet, confirmé la bonne santé de l’économie américaine. L’indice ISM manufacturier repasse la barre des 50 (50.3 contre 47.8 le mois dernier) mais l’ISM services apparaît plus décevant à 51.4, contre 52.6 précédemment. Les commandes industrielles progressent de 1.4%, la production industrielle de 0.4% et les ventes au détail sont en hausse de 0.7%. Le marché du travail reste également robuste. Le taux de chômage retombe à 3.8% avec 303 000 créations d’emplois (270K précédemment) et un salaire horaire en hausse de 0.3%.
Concernant l’inflation, l'indice des prix à la consommation a affiché une croissance de 0.4%. Il ressort ainsi à 3.5% en rythme annuel (après un gain de 3.2% en février). L’indice des prix à la production a également déçu, progressant de 2.1% sur un an (1.6% en février).
Ces publications ont annihilé les espoirs d’une baisse de taux en juin, comme l’ont confirmé les membres de la Fed. Cette dernière considère qu’il n’y a plus d’urgence à agir et qu’il faudra patienter davantage pour que les statistiques confirment que l’inflation se rapproche durablement de la cible des 2%.
7 baisses de taux anticipées en début d’année, plus que 3 en mars, le consensus s’attend maintenant à une seule baisse de taux aux Etats-Unis cette année. La probabilité d’un assouplissement monétaire en juin est tombée à 15% et 42% pour juillet, il semble donc fort probable que la Réserve fédérale attende septembre avant d’agir.

De son côté, la BCE a prôné son indépendance vis-à-vis de la Fed et a ouvert la voie à une première baisse de taux en juin. L’inflation continue progressivement sa décrue en zone euro, à l’image de l’indice CPI en hausse de 2.4% sur un an (contre 2.6% en février) tandis que l’indice PPI recule de 1% (-0.9% le mois dernier). La conjoncture continue par ailleurs de se dégrader, comme l’atteste l’indice PMI manufacturier toujours en zone de contraction (46.1 contre 45.7 en février) tandis que les ventes au détail reculement de 0.5%.
 
Concernant les trimestriels, les premiers résultats des sociétés américaines apparaissent mitigés, avec notamment des révisions baissières des estimations du bénéfice net par action des valeurs de la santé alors que les valeurs financières ont surpris positivement.
Pour le moment, 14% des sociétés du S&P500 ont dévoilé leurs résultats. 74% d’entre elles ont dépassé les attentes et les bénéfices sont supérieurs de 7.8% aux estimations. Les bénéfices ressortent en hausse de 0.5% au T1 (ils étaient attendus en hausse de 3.3% en mars). Selon le consensus Factset, ils devraient néanmoins progresser de plus de 7% au premier trimestre.
Les prochaines publications devraient donc être déterminantes, afin de confirmer une nouvelle croissance des bénéfices.

Graphiquement, le CAC 40 a amorcé un mouvement de consolidation après son record absolu du 28 mars à 8253.59 points.
Sur un mois, les performances de ses composantes apparaissent disparates. Total Energies engrange 8%, Eurofins s’adjuge 7.7%, Crédit Agricole et BNP Paribas 6.1%. Stellantis cède en revanche 14.1%, Edenred 9.9%, STM 8.1%, Dassault Systèmes 7.4%.

En données journalières, la tendance est désormais neutre, l’indice évoluant sous sa moyenne mobile à 20 jours. Seul l’enfoncement des 7930 points militerait pour l’amorce d’une consolidation de plus forte ampleur en direction des 7800 points dans un premier temps voire 7689 points par extension. A contrario, de bonnes publications de sociétés pourraient rapidement permettre à l’indice de renouer avec ses récents records.
Alors que les valeurs technologiques américaines ont récemment montré quelques signes de faiblesse, il conviendra donc de rester prudent sur les niveaux actuels et de profiter d’une nouvelle phase baissière pour revenir progressivement à l’achat avec un meilleur timing.