L’optimisme de ces dernières semaines s’est quelque peu estompé sur les places financières et une certaine dichotomie s’opère entre l’Europe et les Etats-Unis. Certains grands indices européens sont parvenus à inscrire de nouveaux records absolus, à l’image du CAC40 ou du FTSE100, grâce aux bonnes publications sociétés, tandis que Wall Street cale avec la persistance des tensions inflationnistes aux Etats-Unis.

Les doutes sont donc de retour sur les marchés actions qui se demandent toujours si l'inflation est jugulée outre-Atlantique. Les prix à la consommation sont repartis de l'avant comme entre décembre et janvier, sous l'effet de facteurs saisonniers notamment, avec une hausse de 0.5% (contre 0.1% le mois dernier selon les données révisées). Sur un an, les prix progressent de 6.4%, contre 6.5% en décembre, mais le ralentissement apparaît moins fort qu’attendu puisque les analystes tablaient sur 6.2%. L’indice des prix à la production a par ailleurs progressé de 0.7% (-0.2% précédemment), confortant ainsi les récents propos des membres de la Fed, qui tablent sur une poursuite des resserrements monétaires pendant une période prolongée. Certains membres se montrent d’ailleurs en faveur d’un nouveau tour de vis de 50 points de base en mars, contrairement aux anticipations.

Concernant les publications, plus de 80% des sociétés du S&P500 ont à ce jour dévoilé leurs résultats pour le quatrième trimestre 2022 et 68% d’entre elles ont dépassé les attentes concernant le bénéfice net par action, un pourcentage très nettement inférieur à la moyenne de 5 ans (77%). Globalement, les bénéfices sont désormais attendus en baisse de 4.7% pour le quatrième trimestre, alors que les anticipations étaient initialement de -3.3% fin décembre.
Les perspectives apparaissent quant à elles mitigées. Les analystes s’attendent à une baisse des bénéfices pour le premier semestre 2023, avant le retour à la croissance pour le second. Les bénéfices devraient ainsi reculer de respectivement 5.4% et 3.4% pour le T1 et le T2, selon le consensus Factset, avant d’afficher une croissance de 3.3% et 9.7% pour les deux suivants.

La forte poussée des indices européens et l’indécision actuelle de Wall Street invite donc à la prudence, après une progression quasi linéaire depuis fin octobre. Les perspectives apparaissent quelque peu incertaines et les opérateurs semblent minimiser l’ampleur et la durée des resserrements monétaires, même si le pic devrait être prochainement atteint. La résilience des pressions inflationnistes pourrait en outre contraindre les banques centrales à maintenir des taux élevés pour une période prolongée.

D’un point de vue graphique, le CAC40 suit une dynamique clairement positive sur toutes les échelles de temps, à l’image des nouveaux records absolus enregistrés le 16 février dernier à 7387 points. L’indice parisien affiche ainsi une performance de l’ordre de 13.5% depuis le 1er janvier et de plus de 30% depuis son point bas de fin septembre. 
Certaines de ses composantes affichent ainsi des performances exceptionnelles depuis le début de l’année. STM engrange 38%, Renault 36%, Publicis 27.6%, Unibail 25%, Kering 24.1%, BNP Paribas 23.7%... et seule Sanofi recule sur cette même période (-1%).
En données journalières, la dynamique haussière ne sera pas remise en cause tant que l’indice demeure au-dessus de la zone des 7115 points. Le débordement des 7387 points en clôture pourrait permettre une extension du mouvement en cours en direction des 7500 points. A contrario, un retour sous les 7115 points militerait pour l’amorce d’une consolidation plus marquée en direction des 7000 points puis 6900 points, niveau correspondant à la moyenne mobile à 50 jours. Cette consolidation salutaire constituerait une opportunité pour revenir à l’achat avec un meilleur timing.