Au terme d'une séance écourtée en cette veille de jour de l'an - le marché a clôturé à 14h00 -, l'indice CAC 40 a fini en hausse de 0,58% à 3.641,07 points, l'inquiétude montant sur l'issue des négociations entre Démocrates et Républicains pour éviter le "fiscal cliff" (mur budgétaire) aux Etats-Unis.

Si 2012 a mis fin à deux années successives de baisse de la Bourse de Paris - un recul de 16,95% en 2011 à 3.159,81 points et un repli de 3,34% en 2010 à 3.804,78 points - les gains doivent toutefois être relativisés. Les volumes d'échange ont été très faibles, les investisseurs finaux n'ayant pas bouleversé leur stratégie d'allocations d'actifs qui est restée largement favorable aux obligations et notamment à la dette des entreprises.

L'indice phare de la Bourse de Paris, s'il a enregistré sur l'année une progression à deux chiffres, est loin d'avoir retrouvé son niveau de la fin 2007 (5.614,08 points) avant que la crise financière mondiale ne le précipite à 3.217,97 points le 31 décembre 2008 (-42,68%).

Par rapport à son niveau du début de 2008, l'indice perd encore 35,14%.

2013 A PRIORI PLUS FAVORABLE AUX ACTIONS

Les professionnels de marché abordent 2013 avec un optimisme prudent et un consensus s'est formé sur un scénario d'économie mondiale favorable aux actions.

Toutefois, les craintes entourant la crise budgétaire américaine risquent de peser sur le début d'année.

"En l'absence d'un agenda macroéconomique et des entreprises en Europe rempli, le 'fiscal cliff' va dominer", estime Ishaq Siddiqi, stratégiste chez ETX Capital.

"Les problèmes budgétaires toujours non résolus aux Etats-Unis combinés aux incertitudes politiques en Italie à un mois des élections aidant, les acteurs de marché s'attendent maintenant à un premier trimestre difficile."

Comme en 2011, la crise de la dette souveraine d'une zone euro retombée en récession a été le menu quotidien des marchés cette année.

L'indice a fluctué dans une fourchette de 762 points, entre un plus bas à 2.922,26 points le 1er juin et un plus haut à 3.684,16 points le 27 décembre.

Les Bourses européennes ont connu un premier "rally" au premier trimestre, dopées par les opérations de refinancement illimité à trois ans (LTRO) de la BCE en décembre 2011 et février 2012 et, dans une moindre mesure, par les décisions des dirigeants européens d'avancer vers un règlement de la crise de la dette et de rééquilibrer l'architecture bancale de l'Union économique et monétaire (union bancaire, union budgétaire,...).

Le CAC 40 a gagné 8,4% au premier trimestre, mais les signes de ralentissement économique en Chine et aux Etats-Unis, la situation en Grèce, les craintes de contagion de la crise souveraine à l'Italie et à l'Espagne, et la fin des effets apaisants des LTRO, ont ensuite provoqué une rechute de quelque 12%.

Mais, le 26 juillet, Mario Draghi, président de la BCE depuis l'automne 2011, a sifflé la fin de la partie pour ceux qui jouaient un éclatement de la zone euro. "La BCE est prête à faire tout ce qu'il faudra pour préserver l'euro", a-t-il dit. "Et croyez moi, ce sera suffisant." Après en avoir esquissé les contours, la BCE a annoncé début septembre un nouveau dispositif de soutien aux marchés obligataires des pays en difficulté (OMT).

L'effet a été immédiat : les actifs risqués sont remontés, et notamment les cours des emprunts d'Etat italiens et espagnols dont les rendements du 10 ans sont tombés de 7,31% et 6,73% respectivement à 4,53% et 5,31% aujourd'hui. Signe d'une prudence persistante, le rendement du Bund allemand à 10 ans s'inscrit toujours à un très bas niveau de 1,31%.

BONNE ANNÉE POUR LES BANCAIRES ET LES CYCLIQUES

Les valeurs bancaires et cycliques, qui ont le plus souffert en cours d'année des craintes de ralentissement et de la crise de la zone euro, ont signé les meilleures performances annuelles du CAC 40.

Gemalto, nouveau venu dans l'indice, a ainsi signé la plus forte hausse annuelle de l'indice (+80,9%), suivi par Lafarge (+77,6%), Solvay (+71,8%) et Société générale (+64,7%).

Parmi les cycliques, l'automobile s'est illustrée en se plaçant juste derrière, avec une hausse de 56,7% pour Michelin et de 51,8% pour Renault.

Les valeurs de croissance ont aussi bien performé, comme Essilor International (+39,4%) et L'Oréal (+30%), tandis que certaines valeurs à caractère défensif illustrent la prudence des investisseurs, comme Unibail-Rodamco (+31%).

Seules sept valeurs ont perdu du terrain en 2012.

France Télécom a accusé la plus forte baisse annuelle du CAC 40 (-31,3%), ayant perdu son statut de valeur de rendement après la décision du groupe d'abaisser fortement les dividendes 2012 et 2013.

Les services aux collectivités ("utilities"), déjà malmenés en 2011, sont restés en queue de peloton, pénalisés par les incertitudes entourant les réglementations : GDF Suez a perdu 26,3% et EDF 25,6%.

Par secteur, les valeurs de l'automobile (+53%), les technologiques (+45%) et les bancaires et financières (+44%) se sont taillées la part du lion. Seuls trois secteurs ont perdu de la valeur en 2012 : les ressources de base (-8%), les télécoms (-13%) et les services aux collectivités (-16%).

Avec Blandine Hénault, Alexandre Boksenbaum-Granier pour le tableau et le graphique, édité par Dominique Rodriguez

par Raoul Sachs