Contrairement au mois précédent et dans l’attente du coup d’envoi de la saison des résultats pour le premier trimestre, l’appétit pour le risque a brusquement resurgi, les opérateurs ayant digéré les récents soubresauts du secteur bancaire.
Le ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis a nettement rassuré, puisqu’elle devrait conduire à la fin du cycle de resserrement monétaire aux Etats-Unis. Les places financières ont ainsi très vite repris de la hauteur et le CAC40 s’est très nettement distingué, enchaînant séance après séance les records historiques.

Concernant la macroéconomie, les chiffres apparaissent contrastés en fonction des zones géographiques. Aux Etats-Unis, l’économie ralentit. Le PIB progresse de 2.6%, l’ISM manufacturier est tombé à 46.3, celui des services décélère à 51.2. Les commandes industrielles reculent de 0.7% et les ventes au détail de 1%.
L’emploi reste néanmoins résilient, avec un taux de chômage à 3.5% et 236000 créations de postes. Les bonnes nouvelles concernent principalement l’inflation, avec un indice des prix à la consommation ressorti à 5% sur un an, contre 6% le mois dernier. Peut-être la fin du cycle de hausse de taux après celle du mois de mai d’autant que la Réserve Fédérale reste préoccupée par les risques de récession. La récente crise bancaire devrait en outre peser sur l’activité économique, l’embauche et l’inflation, de quoi faciliter la tâche de la Fed.
La Chine s’en tire mieux avec l’arrêt des mesures anti-Covid. Le PIB progresse de 4.5%. Les ventes au détail grimpent de 10.6% sur un an, leur rythme le plus rapide depuis juin 2021 et le taux de chômage retombe à 5.3. 
En zone euro, les données restent globalement dans le consensus et l’indice des prix à la consommation conforme aux attentes à 6.9%. La BCE devrait néanmoins poursuivre son cycle de hausses de taux, l’objectif des 2% restant très éloigné.

Les regards devraient désormais se tourner sur la saison des résultats qui vient tout juste de débuter. Pour le T1 2023, les analystes anticipent en moyenne une baisse de 6.5% des bénéfices des sociétés du S&P500 (consensus Factset). Cela représenterait la plus forte baisse depuis le T2 2020 (-31.6%) et le 2ème trimestre consécutif de repli des bénéfices (ils sont aussi attendus en repli de 4.6% pour le T2).
Les publications devraient prochainement s’intensifier et donneront vraisemblablement le ton pour les semaines à venir. Ces chiffres devront être accueillis positivement et les groupes rassurer sur leurs perspectives, sous peine de voir rapidement l’optimisme ambiant s’évaporer sous le poids de prises de bénéfices et d’un regain d’inquiétudes au sujet de la récession.

Graphiquement le CAC40 a rebondi sur la zone des 6800 points pour inscrire de nouveaux records absolus, avec le luxe et les banques.
Sur un mois glissant, certaines composantes se démarquent très nettement. BNP Paribas et Engie engrangent plus de 15%, Hermès et Sanofi 13.5%, Axa 13% et LVMH 12.5%. Quelques titres restent néanmoins à la traîne, à l’image d’Alstom (-6.1%), Téléperformance (-5.5%) ou Unibail (-4.2%).
En données hebdomadaires, la dynamique demeure positive au-dessus des 7220 points et la moyenne mobile à 20 semaines qui fait office de soutien. A plus court terme, la tendance haussière ne sera pas dégradée tant que l’indice demeure au-dessus de la zone des 7370 points.
Le franchissement des 7600 points pourrait libérer un nouveau potentiel d’appréciation conséquent en direction des 7800 voire 8000 points par extension.
En cas d’échec, on devrait assister l’amorce d’une consolidation légitime avec les 7370 points comme premier objectif.
La forte poussée de l’indice ces dernières semaines incite à la prudence, dans l’attente de plus de visibilité sur l’évolution des politiques monétaires et des prochains résultats de sociétés.