"L'afflux de liquidités massif et coordonné en provenance des principales banques centrales, dans un contexte de taux monétaires nuls, a contraint les investisseurs à placer leurs avoirs", observe le gérant.

Le début d'année a pourtant commencé sous le sceau de l'aversion au risque, notamment en Europe où les craintes sur une sortie de la Grèce de la zone euro et sur la santé financière de l'Espagne ont fait chuter les indices boursiers et s'envoler les taux obligataires espagnols à des plus hauts historiques.

Le 24 juillet, le rendement de l'emprunt d'Etat espagnol à 10 ans culmine à 7,62%. Deux jours plus tard, les déclarations du président de la BCE vont marquer un véritable tournant sur les marchés financiers.

En assurant que la banque centrale européenne ferait tout pour sauver la zone euro dans le cadre de son mandat, notamment en intervenant sur le marché de la dette, Mario Draghi provoque un "ouf" de soulagement auprès des investisseurs.

Et permet dans la foulée de réduire la prime de risque des actions européennes. Résultat, en fin d'année, les indices du Vieux Continent ont quasiment effacé leurs pertes liées à l'été "noir" de 2011 et sont en passe d'afficher des progressions un peu plus fortes cette année que celles de leurs homologues américains.

La performance de l'indice Stoxx 600 devrait ainsi être supérieure à celle du S&P 500 pour la première fois depuis 2009.

Au-delà de la BCE, les autres banques centrales n'ont pas lésiné sur les moyens dans un contexte de reprise poussive aux Etats-Unis et de tassement de la croissance chinoise.

En juin, la Réserve fédérale américaine étend son opération "twist" jusqu'à la fin 2012 avant de lancer un nouveau programme d'assouplissement monétaire (QE3) en septembre.

En juin également, la Banque populaire de Chine annonce à la surprise générale une baisse de ses taux directeurs, une première depuis 2008, qui sera suivie d'une nouvelle baisse en juillet.

Le même mois, la Banque d'Angleterre décide une extension de son programme de rachat de dette publique. D'autres banques centrales (Corée du Sud, Brésil, Afrique du Sud) pratiqueront aussi des baisses de taux.

"Les programmes de liquidités massives des banques centrales mondiales l'ont emporté sur les risques de pertes extrêmes", soulignent les analystes de Bank of America.

De fait, contre toute attente, la volatilité sur les marchés est restée largement contenue en 2012, notamment au regard des pics atteints lors des quatre années précédentes de crise.

Dans ce contexte, certains secteurs massacrés en Bourse l'année dernière ont pu profiter d'un fort effet de rattrapage, à l'image de l'automobile et du secteur financier.

A l'inverse, les télécoms et les "utilities" sont restés mal-aimés des investisseurs.

"Les valeurs traditionnelles de rendement (énergie, télécom) continuent à être délaissées. Le rendement du dividende est généralement crédité d'une pérennité très limitée et les perspectives de croissance sont faibles voire négatives", relève Bernard Aybran.

Signe de la prévalence de la macro-économie dans les préoccupations des investisseurs, les révisions en baisse continues des analystes sur leurs attentes de croissance des bénéfices des entreprises n'ont guère pesé sur les valeurs et indices.

"Les baisses de bénéfices 2012 ont pour la plupart été compensées par des 'transferts d'anticipations' sur 2013 : sur la plupart des marchés, le consensus attend des croissance de bénéfices à deux chiffres en 2013", explique Bernard Aybran.

Malgré tout, le recul de l'aversion au risque en 2012 n'a pas signifié la fin de la notion de "valeur refuge". En témoigne la performance de la classe d'actifs des obligations d'entreprises cette année face aux actions toujours perçues plus risquées.

L'immobilier, qui ressort comme l'actif le plus rentable en 2012, a aussi joué son rôle de placement sûr.

"La seule chose qui résiste en temps de crise, c'est la pierre de qualité. Et les entrepreneurs après avoir investi dans leur entreprise cherchent souvent à se constituer un patrimoine constitué de biens immobiliers haut de gamme", relève Thibault de Saint Vincent, président de la société spécialisée dans l'immobilier Barnes.

De la même façon, les rendements obligataires négatifs enregistrés sur les taux allemands et même sur les taux français à court terme ont illustré la "fuite vers la qualité" des investisseurs.

"Il va être difficile dans les prochaines semaines d'expliquer la poursuite de la hausse des indices actions avec le maintien de taux d'intérêt négatifs sur les titres à court terme des Etats 'sûrs' de la zone euro", préviennent toutefois les analystes d'Aurel BGC.

Si ces derniers prévoient une hausse des taux d'intérêts sur les marchés obligataires en 2013 liée la dissipation des risques, ils s'attendent, comme la majorité des spécialistes de marché, à ce que la liquidité abondante fournie par les banques centrales demeure pendant encore une bonne partie de l'année prochaine.

Blandine Hénault, avec Alexandre Boksenbaum-Granier pour les graphiques, édité par Jean-Michel Bélot