BRUXELLES, 13 janvier (Reuters) - Les économistes de la Commission européenne ont reçu ordre de ne mener aucune recherche sur les conséquences d'une éventuelle sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne afin de ne pas attiser le débat qui agite l'opinion publique britannique avant la tenue d'un référendum sur cette question au plus tard fin 2017.

"Il y a un ordre en interne de ne pas parler d'un Brexit, ni d'en étudier l'impact", a dit un responsable ajoutant que cette directive émanait des services de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

En conséquence, les perspectives économiques de l'exécutif européen pour la zone euro et pour l'UE prennent en compte les risques politiques et financiers en Chine, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis mais pas en Grande-Bretagne si la deuxième économie européenne décide de faire sécession.

Un autre responsable européen explique que le refus de travailler à un "plan B" résulte directement des leçons tirées l'an dernier de la crise grecque et de la perspective d'un "Grexit", une sortie de la Grèce de la zone euro.

Les Européens affirmaient ne pas avoir de plan de secours en cas de défaillance grecque mais l'existence d'un tel plan avait fuité, accentuant le mécontentement d'Athènes et celui des marchés financiers.

"Si nous le faisons (élaborer un plan B), la presse en aura vent. Donc, cette fois, nous ne le faisons pas", a dit ce responsable.

Contrairement au Grexit qui risquait de se produire d'une manière soudaine en cas de défaut de la Grèce face à ses échéances de remboursement auprès du Fonds monétaire international (FMI), la Grande-Bretagne disposera le cas échéant d'une période étendue de négociation pour mettre fin à ses 43 années de présence au sein du bloc communautaire.

Certains estiment que cette période de négociation pourrait prendre deux ans, laissant à la Commission européenne le temps de faire face aux conséquences économiques.

Le Premier ministre David Cameron tente d'obtenir des Européens des aménagements à l'adhésion du Royaume-Uni à l'UE avant le sommet prévu mi-février. Si ses demandes sont acceptées, le chef du gouvernement britannique précise qu'il fera alors campagne pour un maintien de son pays au sein de l'Union. (Paul Taylor et Alastair Macdonald; Pierre Sérisier pour le service français)