MONROVIA, 3 août (Reuters) - Des secouristes sont venus dimanche récupérer deux corps de possibles victimes du virus Ebola, abandonnés dans les rues de la capitale du Liberia, alors que le pays fait face à la plus importante épidémie depuis la découverte du virus.

A Monrovia, la crainte des habitants et du personnel médical ralentit les efforts des responsables pour lutter contre l'épidémie.

Dans un champ marécageux de Monrovia, cinq tombes avaient été creusées dimanche soir alors que le ministère de la santé en avait ordonné une centaine pour les victimes du virus Ebola.

L'hôpital Elwa, débordé, a dû refuser des patients atteints par le virus tropical cette semaine, alors que du personnel médical international s'est retiré après l'infection de deux travailleurs de santé américains.

Du personnel de santé effrayé par la maladie et des communautés locales refusant d'enterrer les corps des victimes de peur d'une contamination sont autant de freins à l'action des gouvernements d'Afrique de l'Ouest qui tentent de contrôler la pire épidémie de virus Ebola depuis sa découverte il y a près d'une quarantaine d'années.

Le virus a tué 227 personnes au Liberia et au moins 826 dans la région.

Une habitante du quartier, Nema Red, raconte que les deux victimes, dont les corps sont restés dans la rue durant quatre jours selon des témoins, souffraient de symptômes tels que des vomissements et des saignements.

"Ils ont commencé à chercher de l'aide auprès de la communauté pour qu'on les emmène à l'hôpital, mais les membres de la communauté ont fui pour sauver leur vie (...) Ils ont tous les deux abandonné et sont morts dans les rues de Clara Town", témoigne-t-elle.

Le ministre de l'Information Lewis Brown a confirmé que les corps avaient été ramassés mais a annoncé qu'ils étaient morts depuis quelques heures et non quelques jours.

Les maisons des victimes seront désinfectées et leurs proches placés sous surveillance, a-t-il ajouté.

Le virus se transmet par contact direct avec du sang, des liquides organiques ou des tissus de personnes ou d'animaux infectés.

Plusieurs dizaines de médecins ou infirmiers sont morts de la maladie alors qu'ils soignaient des personnes atteintes. (Derick Snyder; Agathe Machecourt pour le service français)