NEW YORK, 1er juillet (Reuters) - Pénétrer dans une cabine téléphonique, décrocher le combiné et écouter le récit d'un migrant: l'expérience que propose en plein coeur de Manhattan l'artiste américain d'origine afghane Aman Mojadidi entend donner une voix aux parcours individuels des derniers arrivants.

"Je voulais d'un projet urbain autour de la migration, un projet faisant une place au récit", explique l'artiste âgé de 47 ans.

Il a eu l'idée de "Once Upon a Place", son installation inaugurée cette semaine sur Times Square, en apprenant que les vieilles cabines téléphoniques allaient être démontées. "J'ai aussitôt pensé ramener ces cabines et les utiliser pour transmettre un autre genre d'histoires", reprend-il.

L'artiste, dont les parents ont émigré de Kaboul à la fin des années 1960, a collecté les récits de 70 migrants originaires du Bangladesh, du Yémen, des Philippines ou bien encore d'Espagne, d'Italie et du Japon et qui considèrent aujourd'hui New York comme leur foyer.

Leurs histoires ont été enregistrées en anglais ou dans leur langue maternelle. Pour les entendre, il suffit d'entrer dans une des trois cabines téléphoniques récupérées et réinstallées par l'artiste et de décrocher le combiné.

Le projet, soutenu par Times Square Art, une plateforme de développement artistique de ce lieu symbolique de New York, s'inscrit dans une volonté d'individualiser l'expérience migratoire.

"Dans les discussions politique et sociétales actuelles sur les frontières, les interdictions et la citoyenneté, le mot 'immigrants' peut être utilisé comme un bloc monolithique, balayant sous une seule étiquette une grande diversité d'origines", peut-on lire dans les notes d'intention du projet.

"En mettant à la disposition des participants une plateforme pour raconter leurs histoires individuelles, Once Upon a Place explore au contraire la riche diversité des personnalités et des parcours", poursuit le texte, rappelant que plus du tiers des habitants de New York sont nés à l'étranger et que près de 800 langues et dialectes sont parlés dans les cinq arrondissements de la métropole.

L'installation restera accessible jusqu'au 5 septembre. (Havovi Cooper; Henri-Pierre André pour le service français)