PARIS, 9 janvier (Reuters) - La position de la France ne s'est pas sensiblement améliorée en 2011 dans le classement Euro Monitor sur la situation économique des pays de la zone euro d'Allianz, qui a toutefois renforcé ses positions sur la dette souveraine française sans craindre la perte du triple A qu'il juge inévitable.

Le chef économiste de l'assureur allemand, Michael Heise, a toutefois estimé que les agences de notation accordent trop d'importance à des facteurs de court terme comme l'évolution de la croissance économique à l'horizon de quelques trimestres, ou auto-réalisateurs comme l'écartement des écarts de rendement dans leurs décisions de révision en baisse des notes souveraines.

"En tant qu'assureur français ayant des engagements en France, Allianz France a renforcé ses positions sur la dette française en 2011 aussi bien sur les maturités courtes que sur les maturités plus longues", a déclaré le nouveau directeur des investissements de la filiale française du groupe, lors d'une réunion de presse.

"Les niveaux actuels d'écart de rendement entre les titres d'Etat allemand et français représentent une opportunité d'achat des seconds", a ajouté Peter Etzenbach.

Soulignant que la stratégie d'investissement d'Allianz avait consisté à préserver le capital de ses mandants dans un environnement très incertain, Peter Etzenbach a expliqué qu'Allianz France avait renforcé ses liquidités l'année dernière au détriment des actifs risqués et en particulier des actions.

"En tant qu'assureur, nous avons des engagements parfois à très longues échéances et dans des marchés qui font du yoyo nous nous interdisons d'essayer de coller aux mouvements de hausse et de baisse car il est très difficile de ne jamais se tromper sur le timing", a-t-il dit.

"En revanche nous ne nous interdisons pas de saisir des opportunités liées à des mouvements trop accentués de marché comme lorsque l'écart de rendement entre le Bund et l'OAT à dix ans a dépassé les 200 points de base où nous avons été vendeur de Bund et acheteur d'OAT."

Pour Peter Etzenbach, la dégradation éventuelle de la notation de la France, qu'elle soit d'un cran ou deux, n'est toutefois pas de nature à changer profondément l'exposition d'Allianz France sur la dette souveraine française.

La France a certes légèrement amélioré sa position en 2011 par rapport à l'année précédente dans le classement Euro Monitor qui compare la situation des différents pays de la zone euro au regard de quinze critères relevant de quatre grandes catégories: la soutenabilité des finances publiques, le marché de l'emploi et la productivité du travail, la compétitivité et la demande intérieure, l'endettement privé et extérieur.

Chacun des critères fait l'objet d'une notation de 10 à zéro, selon qu'il est plus ou moins favorable, et une note de synthèse est calculée pour chaque pays. Plus la note est proche de 10, meilleure est la situation du pays considéré.

Avec 5,7 en 2011, contre 5,3 en 2010, la France "reste empêtrée dans une position médiocre, à la dixième place parmi les 17 pays membres de la zone euro", a déclaré Michael Heise, ajoutant qu'en dépit des améliorations constatées sur des indicateurs comme l'endettement privé ou le déficit public, d'autres comme le solde commercial, le taux de chômage ou la productivité du travail restent en zone rouge.

Aucun pays de la zone euro n'affiche une note synthétique comprise entre 8 et 10 qui correspond selon Michael Heise à une situation vraiment saine. La meilleure note revient à l'Allemagne, avec 7,6 contre 7,1 en 2010, et la plus mauvaise à la Grèce (2,2 contre 2,5). (Marc Joanny, édité par Gilles Guillaume)