Contexte. Les derniers résultats des compagnies pétrolières ont largement bénéficié de l'augmentation des prix du pétrole et des marges de raffinage. Au deuxième trimestre, le leader américain, ExxonMobil, a quasiment doublé son bénéfice net, à 7,7 milliards de dollars. Son compatriote Chevron a multiplié par trois son profit, qui a atteint 5,4 milliards. De même Shell a bénéficié d'un bond de 15% de ses bénéfices nets, à 5,4 milliards de dollars. Côté français, Total a publié au second trimestre un résultat net part du groupe qui a bondi de 43% sur un an pour s'élever à 3,1 milliards d'euros. Cette évolution provient essentiellement d'une progression de 32% du prix moyen du Brent (78,2 dollars le baril) par rapport au deuxième trimestre 2009. De plus, la situation dans le raffinage s'est améliorée. En Europe, les marges de raffinage se sont élevées à 32,1 dollars la tonne au deuxième trimestre, contre 17,1 dollars un an plus tôt. Autre facteur positif : la hausse conséquente des volumes de production de barils équivalent pétrole, grâce à la mise en service de nouveaux projets en Afrique, en Asie ou au Moyen-Orient. Ainsi Total et ExxonMobil enregistrent tous deux une hausse de 8% de leur production, Shell de 5% et Chevron de 2,8%. Au contraire de ses concurrents, BP a subi une perte de 17 milliards de dollars au second trimestre, liée à la marée noire dans le golfe du Mexique. Le pétrolier a évalué à 32 milliards de dollars le coût de cette catastrophe.

Perspectives et enjeux. En se basant sur une amélioration des perspectives économiques, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2010 et 2011, de respectivement 80.000 et 50.000 barils par jour. Cette révision résulte de la prise en compte de nouvelles estimations concernant la croissance économique mondiale, notamment celles émanant du FMI et de l'OCDE En conséquence, l'AIE considère que le monde devrait consommer cette année 86,6 millions de barils par jour (mbj), soit 1,8 million de plus qu'en 2009 (+2,2%). En 2011, la consommation de pétrole devrait s'établir à 87,9 mbj, ce qui constitue une hausse de 1,3 mbj (+1,5%) par rapport à 2010. L'hypothèse sous-jacente est que l'activité économique mondiale se développe de 4,5% cette année et de 4,3% l'an prochain. La croissance de la demande de pétrole devrait provenir quasiment uniquement des pays émergents. Ainsi en Chine, la consommation de pétrole a progressé de près de 10% sur un an à fin juin. Ce pays est récemment devenu le premier consommateur d'énergie au monde, détrônant ainsi les Etats-Unis.

Pour comprendre. Les compagnies pétrolières sont limitées dans leurs investissements par le regain de nationalisme pétrolier (notamment en Russie, au Venezuela, et en Iran). Certains groupes envisagent déjà l'après-pétrole en consolidant leur position dans le nucléaire. Total affiche désormais clairement sa volonté d'acquérir un savoir-faire dans le nucléaire, qui constitue une alternative à l'exploitation des hydrocarbures.