Le niveau de rentabilité des acteurs est plus que jamais dépendant de leur degré d'accès à l'énergie. Le dispositif sur les superprofits, décidé à Bruxelles et appliqué en France, prévoit que les revenus des producteurs d'électricité seront récupérés par l'État à partir d'un certain seuil.

De plus grandes disparités entre les utilities
L'Observatoire mondial des marchés de l'énergie souligne une grande disparité des prix de détail de l'énergie en Europe. Subissant à la fois l'effet de la hausse des prix de gros et une forte volatilité des prix de vente aux consommateurs finaux, la rentabilité des intervenants est sous pression. Alors que les seize plus grands fournisseurs d'énergie européens ont bénéficié l'an passé d'une importante progression de leur chiffre d'affaires (+47% par rapport à 2020), leur marge brute d'exploitation (marge d'Ebitda), s'est dégradée, passant de 20,2% à 19,6%. Ceux qui ont dû recourir à des achats d'électricité sur le marché ont dû payer ces volumes supplémentaires bien plus chers que le niveau de prix de vente déjà fixés et ont donc vu leurs marges se dégrader.
Confronté à la moindre disponibilité de son parc nucléaire, EDF, renationalisé, devrait afficher une perte annuelle de 29 milliards d'euros en 2022. Engie s'en sort mieux car il a réussi à réduire ses importations de gaz russe au premier semestre tout en bénéficiant des prix élevés de l'électricité et de son exposition accrue aux sources renouvelables.
Taxe sur les superprofits pour les énergéticiens
D'abord estimées à 7 milliards d'euros, les recettes devraient atteindre finalement 11 milliards l'an prochain selon le ministère de l'Économie. Ce dispositif prévoit que les revenus des producteurs d'électricité seront récupérés par l'État au-delà de 180 euros par mégawattheure commercialisé. Cette taxe sur les superprofits pourrait coûter 5 milliards d'euros à EDF. L'énergéticien est plombé par une dette qui devrait s'accroître d'au moins 20 milliards d'euros sur 2022 et ainsi dépasser les 60 milliards. EDF doit améliorer ses ratios financiers sous peine de se voir retirer la qualité d'" investment grade" pour ses émissions obligataires, qui lui est indispensable pour assurer ses lourds investissements dans le nucléaire.