Washington (awp/afp) - Le chef économiste de la Banque mondiale a démissionné mercredi avec "effet immédiat" sur fond de désaccord avec le président de l'institution et après avoir critiqué le rapport annuel "Doing business", a-t-on appris de source proche de l'institution.

"Paul Romer m'a informé qu'il démissionnait de son poste d'économiste en chef, avec effet immédiat", indique le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim dans une note transmise en interne et que l'AFP s'est procurée.

"Paul est un économiste accompli (...) et nous avons eu de nombreuses et bonnes discussions sur des problématiques géopolitiques, l'urbanisation (...). J'ai apprécié la franchise et l'honnêteté de Paul et je sais qu'il regrette les circonstances de son départ", ajoute M. Kim, une allusion aux critiques récentes de Paul Romer sur le rapport "Doing business".

Ce rapport, publié depuis 2003 par la Banque mondiale, passe au crible le cadre réglementaire qui s'applique aux PME dans 190 économies, en évaluant notamment dans quelles conditions celles-ci peuvent lancer leur activité, avoir accès à l'électricité, au crédit ou payer leurs impôts.

Ce classement a été vivement critiqué par le passé par des Organisations non-gouvernementales (ONG) mais aussi par certains pays à l'instar de la Chine qui contestait son classement, ce qui avait obligé la Banque mondiale à revoir en partie sa méthodologie.

Paul Romer avait révélé il y a une dizaine de jours que ce changement de méthodologie avait pénalisé le Chili qui, depuis 2013, dégringole dans le classement uniquement par un effet mécanique. Sa rétrogradation dans le classement aurait été moins marquée si la méthode n'avait pas été changée, selon lui.

Face à l'émoi suscité au Chili, la Banque mondiale avait publié le 13 janvier un communiqué défendant la pertinence de son rapport tout en annonçant "un examen externe" sur les données concernant spécifiquement le Chili publiées dans le "Doing business".

Paul Romer, qui avait rejoint la Banque centrale comme économiste en chef et vice-président en octobre 2016, va reprendre ses fonctions de Professeur à l'Université de New York.

afp/rp