* Le porte-parole de Merkel assure que Berlin ne se prépare pas à un "Grexit"

* Selon Bild, Berlin craint un retrait massif des dépôts bancaires grecs

* La question d'un Grexit "ne se pose pas" dit Moscovici (CE) (actualisé avec déclarations de Merkel à Londres)

BERLIN, 7 janvier (Reuters) - Le gouvernement allemand ne se prépare pas à l'éventualité d'une sortie de la Grèce de la zone euro et n'a pas modifié sa politique envers Athènes, a déclaré mercredi le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, démentant des informations du quotidien Bild.

Selon le quotidien le plus vendu d'Allemagne, Berlin travaille sur plusieurs scénarios en prévision des élections législatives anticipées du 25 janvier, parmi lesquels l'hypothèse d'un mouvement de retraits massifs des dépôts bancaires en Grèce en cas de victoire du parti de gauche Syriza, donné en tête par les sondages.

Interrogé sur le sujet, Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière a déclaré: "Je ne suis informé d'aucun projet de ce genre et il est certain que la direction politique à la chancellerie n'étudie pas de tels scénarios".

Un porte-parole du ministère des Finances a fait une déclaration similaire.

En visite à Londres mercredi, Angela Merkel a déclaré que la Grèce avait respecté ces dernières années ses engagements financiers auprès de ses partenaires européens, et elle a dit s'attendre à ce qu'elle continue sur cette voie, écartant ainsi l'idée d'une sortie de la zone euro.

"Je pense qu'il faut dire à l'opinion et aussi aux marchés financiers que moi, chancelière allemande, et aussi le gouvernement allemand, avons toujours adopté une position en faveur du maintien de la Grèce dans la zone euro, et que les engagements souscrits entre la Grèce et la troïka, la Grèce et les autres membres de l'UE ont été honorés et respectés", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre britannique, David Cameron.

"La Grèce a fait beaucoup de sacrifices. Beaucoup de gens, en Grèce, ont connu des années très difficiles. Nous avons fait beaucoup de chemin", a-t-elle ajouté.

"Et je ne doute absolument pas du fait que nous réussirons à trouver une issue réussie, toujours guidée par la maxime voulant que les Grecs aient leur part à faire et que de notre côté, nous devons faire preuve de solidarité", a continué la chancelière.

Les spéculations sur la possibilité d'un "Grexit", une sortie de la Grèce de la zone euro, ont été relancées par la convocation des législatives anticipées la semaine dernière, faute de majorité suffisante pour élire un président de la République. Cette perspective a contribué à la forte baisse des marchés financiers et de l'euro au cours des derniers jours.

Samedi, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel a écrit que Berlin considérait que la sortie de la Grèce de l'euro était pratiquement inévitable si Syriza l'emportait le 25 janvier mais que cette sortie serait gérable.

Selon Bild, les experts du gouvernement s'inquiètent d'un risque d'effondrement du système bancaire grec si les déposants se ruent sur les guichets pour retirer leurs dépôts en euros de crainte d'une sortie de leur pays de la monnaie unique.

"UNE DETTE DOIT ÊTRE REMBOURSÉE", DIT MOSCOVICI

L'Union européenne serait dans ce cas forcée d'intervenir, conformément aux règles de l'union bancaire, ajoute le quotidien.

Hans-Werner Sinn, le président de l'institut allemand d'études économiques Ifo, a déclaré au quotidien Handelsblatt qu'une telle crise pourrait coûter jusqu'à 76 milliards d'euros au contribuable allemand.

Syriza souhaite revenir sur les principales mesures d'austérité mises en oeuvre ces dernières années dans le cadre du plan d'aide international de 240 milliards accordé à la Grèce mais le parti dirigé par Alexis Tsipras ne prône pas pour autant la sortie de la zone euro.

Un autre titre de la presse allemande, Die Zeit, laisse entendre que Berlin et Bruxelles recherchent ensemble des solutions qui permettraient de parvenir à un compromis avec Alexis Tsipras pour assurer le maintien d'Athènes dans la zone euro.

Ces solutions pourraient inclure une extension des prêts à la Grèce, dont un étalement de la charge financière.

Interrogé par le quotidien français Le Monde sur l'éventualité d'une telle renégociation, Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a répondu: "Cette question ne se pose pas, pas plus que celle du 'Grexit'".

"Il faut laisser les Grecs faire leur choix", ajoute-t-il. "Avec le nouveau gouvernement, on discutera de la fin du programme d'assistance actuel. Une dette n'est pas faite pour être effacée, elle doit être remboursée, à un rythme ou à un autre."

Le rendement des obligations souveraines grecques à 10 ans a repassé mercredi la barre des 10% pour la première fois depuis septembre 2013.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a de son côté jugé "irresponsables" les spéculations sur un "Grexit". (Emma Thomasson, Alexandra Hudson et Michael Nienaber, avec Jean-Baptiste Vey à Paris; Benoit Van Overstraeten, Marc Angrand et Eric Faye pour le service français)