* Des propositions de l'opposition prises en compte

* Le texte de l'accord présenté dimanche

* Santos maintient la nécessité de faire accéder les rebelles aux urnes (Actualisé avec discours de Santos, détail de l'accord)

LA HAVANE/BOGOTA, 13 novembre (Reuters) - Le gouvernement colombien et les Farc ont annoncé samedi être parvenus à un nouvel accord de paix destiné à mettre fin à 52 années de conflit, six semaines après le rejet par référendum du texte original, jugé trop favorable aux rebelles par une majorité de Colombiens.

Le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), réunis autour de la table des négociations depuis quatre ans à La Havane, ont déclaré avoir incorporé des amendements proposés par l'opposition, des dirigeants religieux et d'autres groupes de la société colombienne.

"Nous sommes parvenus à un nouvel accord définitif pour mettre fin au conflit armé, qui intègre des changements, des précisions et des propositions suggérées par les secteurs de la société les plus divers", ont-ils annoncé dans une déclaration commune.

"Nous appelons toute la Colombie et la communauté internationale (...) à soutenir ce nouvel accord et sa mise en oeuvre rapide afin de laisser au passé la tragédie de la guerre", poursuivent-ils. "La paix ne peut plus attendre."

Le texte du nouvel accord sera rendu public dimanche. Le gouvernement n'a pas précisé s'il serait soumis à un second vote populaire, que réclament déjà des figures de l'opposition.

L'accord laisse inchangé une portion sujette à débat, qui octroie d'office aux rebelles dix sièges au Parlement jusqu'en 2026.

Toutefois, l'accord n'est plus destiné à être inscrit dans la Constitution colombienne, comme c'était le cas de sa première version en vue de garantir sa pérennité.

DES ARMES AUX URNES, UN PRINCIPE MAINTENU

Les Farc devront présenter un inventaire exhaustif de leurs actifs, qui seront utilisés pour indemniser les victimes du conflit, a déclaré le président Juan Manuel Santos dans une adresse télévisée. Ils seront également tenus de divulguer le détail de leur participation à tout trafic de drogue.

En outre, le nouvel accord retire aux magistrats étrangers leur rôle dans les tribunaux de paix spéciaux destinés à juger des rebelles, même si des observateurs étrangers y seront maintenus.

Le texte limite le travail des tribunaux spéciaux à dix ans et requiert que les enquêtes soient ouvertes dans les deux prochaines années.

Nombre de partisans du "non" au premier accord s'inquiétaient que les anciens rebelles évitent toute peine de prison, au profit de peines de travaux d'intérêt général.

Il paraît peu probable que la nouvelle version du texte instaure des peines d'emprisonnement mais le président Santos a annoncé que les ex-combattants reconnus coupables par la justice seraient assignés à des zones précises et soumis à un contrôle judiciaire.

La suggestion de l'opposition d'empêcher les dirigeants rebelles ayant purgé leur peine de se présenter aux élections n'a pas été évoquée avec les rebelles, a poursuivi Santos.

"Il est très important que les Colombiens comprennent que la raison du processus de paix est précisément que les rebelles déposent les armes et participent à la politique légalement", a-t-il déclaré. "Notre processus avec les Farc n'est pas et ne peut pas être une exception."

L'ancien président Alvaro Uribe, chef de file de l'opposition au traité, a annoncé avoir demandé à ce que le nouvel accord soit examiné par son camp ainsi que les victimes du conflit avant d'être instauré. Il a rencontré Santos samedi.

"J'ai demandé au président que les textes annoncés à la Havane ne soient pas définitifs", a-t-il dit sur son compte Twitter, ajoutant vouloir y apporter de nouvelles modifications.

Le président Juan Manuel Santos, lauréat cette année du prix Nobel de la paix, a fait de la fin du conflit qui a tué près de 220.000 personnes et en a déplacé des millions d'autres un enjeu clé de son mandat. (Nelson Acosta et Julia Symmes Cobb; Julie Carriat pour le service français)