Rio de Janeiro (awp/afp) - La banque centrale du Brésil devrait entamer mercredi un cycle de réduction de son taux d'intérêt, actuellement à 14,25% et l'un des plus élevés du monde, dans une perspective de baisse de l'inflation et d'un projet au Parlement pour freiner les dépenses publiques.

Le comité de politique monétaire de la banque centrale (Copom) annoncera sa décision mercredi soir à la fermeture des marchés et les analystes tablent sur une baisse de 0,25 à 0,50 point de pourcentage.

La dernière enquête Focus, élaborée par la banque centrale auprès d'une centaine d'opérateurs de marchés, prévoit que le taux sera fixé à 14% l'an, encore loin des 10% de la Russie, des 6,25% de l'Inde ou 4,75% du Mexique, d'autres géants émergents.

"L'économie brésilienne a désespérément besoin de taux d'intérêt plus bas", écrit l'éditeur économique de Folha de Sao Paulo, Vinicius Torres Freire.

Si cela se confirme, il s'agira de la première réduction depuis plus de trois ans. La banque centrale maintenait son taux à 14,25% depuis juillet 2015 pour contenir l'inflation croissante (+10,67% fin 2015).

D'après Focus, l'année 2016 clôturera avec un taux d'intérêt à 13,5%, qui chutera à 11% fin 2017. Le plancher historique de 7,25% avait été atteint entre octobre 2012 et avril 2013 quand l'économie brésilienne était en pleine expansion.

La récession s'est depuis installée au Brésil, première économie d'Amérique latine, avec un recul du PIB de 3,8% l'an dernier. Cette année il devrait baisser encore de 3%, selon les chiffres officiels.

Mais l'inflation devrait commencer à ralentir : pour 2016, la prévision est de 7,01% selon Focus et de 5,04% pour 2017 alors que la banque centrale table sur 4,5%.

La pire récession des dernières décennies, avec un chômage record touchant 12 millions de Brésiliens, a été aggravée par une crise politique qui a abouti à la destitution controversée de la présidente de gauche Dilma Rousseff le 31 août pour maquillage des comptes publics.

Elle a été remplacée par le conservateur Michel Temer, 75 ans, qui bénéficie de la bienveillance des marchés et a proposé un projet d'amendement à la Constitution pour geler les dépenses publiques de l'Etat fédéral pendant 20 ans. Elles ne pourront pas croître globalement au-delà de l'inflation annuelle, y compris pour l'éducation et la santé.

Les députés brésiliens ont adopté lundi dernier en première lecture ce projet polémique, mesure phare du programme de redressement économique du nouveau président.

afp/rp