* L'accès de volatilité sur les Bourses a épargné les changes

* Les achats refuges ont été limités et brefs

* Les marchés actions intègrent un contexte moins favorable

par Tommy Wilkes

LONDRES, 29 octobre (Reuters) - Octobre restera comme l'un des pires mois pour les Bourses mondiales ces dernières années mais la ruée hors des actifs risqués n'a que peu troublé le marché des changes.

Les devises les plus exposées, qu'elles émanent de marchés émergents ou dépendent des cours des matières premières, n'ont pas subi les dégagements qu'on aurait pu attendre quand les investisseurs pris de panique fuient les actifs risqués.

A l'autre bout du spectre, le yen n'a pas autant profité de son statut de valeur refuge que lors de la correction des marchés en début d'année. Le gain de 1,2% de la devise japonaise ce mois-ci est pratiquement moitié moindre que son bond de 2,3% en février.

Cette réaction bénigne peut s'expliquer par le fait que le marché des changes a déjà commencé à s'adapter à un contexte de croissance ralentie, contrairement aux marchés actions où les signes d'un pic de la croissance des résultats des entreprises ont fait craindre la fin de neuf ans de tendance haussière ininterrompue.

Cela suggère aussi que les investisseurs, tout en intégrant le scénario nouveau d'une croissance ralentie et d'une hausse du coût de l'argent, n'ont pas à paniquer car rien ne laisse présager un retournement plus profond, disent les analystes.

La volatilité a certes augmenté brutalement mais seulement pour retrouver son niveau d'août et elle reste bien inférieure à ses niveaux moyens de la période 2015-2017. L'indice de volatilité de Deutsche Bank se situe ainsi à 7,99 contre 7,66 le 1er octobre..

La volatilité à Wall Street a été bien plus marquée comme le montre l'indice Vix qui a plus que doublé depuis le début octobre pour revenir tout près d'un plus haut en huit mois.

Les fluctuations des cours des Treasuries ont dans le même temps augmenté de près de 50%, selon une autre mesure , pour s'établir à un plus haut de quatre mois et demi.

Pour Stephen Gallo, responsable de la stratégie de BMO pour les changes en Europe, le calme relatif sur les devises s'explique en partie par le fait que les investisseurs étaient déjà fortement détenteurs de dollars, ayant vendu les devises émergentes après leur alerte d'août déclenchée par la chute de la livre turque.

"Les positions étaient déjà longues en dollar. Les vagues de ventes de devises EM avaient déjà eu lieu", a-t-il dit.

De ce fait le billet vert, tout en revenant vers son meilleur niveau depuis deux mois et demi face à un panier de devises de référence, n'affiche qu'une hausse modeste de 1,5% en octobre.

L'indifférence du marché des changes peut aussi refléter le point de vue selon lequel la chute des actions a pour principale cause une révision des anticipations de croissance aux Etats-Unis plutôt que des facteurs plus larges.

Les analystes de Goldman Sachs ont relevé que les devises de pays fortement exposés à la demande américaine - Canada , Colombie, Israël et Mexique - ont subi d'importantes baisses en octobre.

A l'inverse, les monnaies typiquement sensibles à un retournement de sentiment comme le dollar australien, la roupie indienne ou le rand sud-africain se sont relativement bien tenues.

"Autrement dit, pour le marché des changes, la baisse des actions a été plus demande US-centrée que normale", écrivent-ils. "Les monnaies refuges comme le yen et le franc suisse ont à l'opposé réagi de manière plus modérée que ce que montrait leur sensibilité historique à l'indice S&P."

(Véronique Tison pour le service français, édité par Patrick Vignal)