par Ben Hirschler et Caroline Copley

Il n'existe pour le moment aucun autre vaccin capable d'offrir une large protection contre ce type de méningite à méningocoques, qui peut être mortelle en 24 heures et est la plus fréquente en Europe.

Environ 10% des personnes contractant la maladie en meurent, même après avoir reçu un traitement, et les études montrent que jusqu'à 20% de ceux qui survivent gardent de graves séquelles neurologiques et auditives.

Aboutissement de plus de 20 ans de recherche, le Bexsero est de plus destiné à toutes les tranches d'âge, y compris les nourrissons. Il est complémentaire du Menveo, qui offre déjà une protection contre d'autres types de méningites.

Novartis fonde de grands espoirs dans la commercialisation de ce nouveau vaccin pour redresser un secteur déficitaire et rivaliser avec les ténors du marché que sont GlaxoSmithKline, Sanofi et Merck.

En 2006, le laboratoire suisse a déboursé 5,1 milliards de dollars (4 milliards d'euros) pour prendre le contrôle total de l'américain Chiron en prévision de l'expiration d'une série de brevets de vaccins.

SANTÉ PUBLIQUE

Cette diversification semblait cohérente dans la mesure où les vaccins sont moins exposés que les autres médicaments à la concurrence des génériques et qu'il s'agit d'un marché en pleine expansion qui pourrait atteindre 40 milliards de dollars d'ici 2015, selon le Center for Vaccine Ethics and Policy de l'université de Pennsylvanie.

Mais cet investissement n'a jusqu'à présent pas été payé de retour - Novartis a annoncé une perte opérationnelle de 22 millions de dollars au troisième trimestre -, rendant crucial le succès commercial du Bexsero.

"Cela va permettre à la direction de respirer après avoir été sous pression des investisseurs pour améliorer les perspectives de sa division vaccins", souligne Tim Race, analyste de Deutsche Bank.

Le directeur général de Novartis Joseph Jimenez a soutenu la division vaccins, répétant qu'elle pouvait devenir une "composante importante et bénéficiaire de la société", tout en prévenant qu'aucun secteur n'était intouchable.

La recommandation de l'EMA, qui devrait être prise en compte en début d'année prochaine, est donc une bonne nouvelle pour Novartis, mais elle ne se traduira pas automatiquement par une explosion des ventes.

Pour cela, il faudra encore que la société suisse parvienne à convaincre les gouvernements d'ajouter le Bexsero à leurs programmes de santé publique - ce qui n'est pas acquis en période de crise financière et au moment où la méningite B, bien que grave, se fait de plus en plus rare.

Tangi Salaün pour le service français, édité par Catherine Monin

Valeurs citées dans l'article : SANOFI, Merck & Co., Inc., Novartis AG, GlaxoSmithKline plc