Ottawa (awp/afp) - L'économie canadienne a enregistré un plongeon sans précédent de 37,8% au deuxième trimestre en raison de la pandémie mais a montré des signes encourageants pour le troisième trimestre, liés à la reprise progressive de l'activité économique, a annoncé vendredi l'institut de la statistique.

Cette baisse de 38,7% du produit intérieur brut (PIB) en rythme annuel est conforme aux prévisions des analystes. Elle fait suite à une contraction de l'économie canadienne de 8,2% au premier trimestre.

Le PIB réel a néanmoins progressé de 6,5% en juin, dernier mois du deuxième trimestre. Sa hausse devrait s'établir à environ 3% en juillet, selon les données provisoires de Statistique Canada.

Statistique Canada prévoit aussi que le PIB du troisième trimestre "devrait afficher une hausse", en raison de l'assouplissement des mesures prises pour éviter la propagation de la pandémie et de l'augmentation de l'activité économique.

"De nombreux secteurs vont continuer à traverser des difficultés en l'absence d'un vaccin", a souligné l'économiste Brian De Pratto de la banque TD, précisant que "nous avons peut-être traversé le pire, mais c'est encore un long chemin vers la normale".

"Alors que le Canada a été en-dessous de ses homologues mondiaux comme les Etats-Unis au deuxième trimestre, conséquence de restrictions plus agressives et plus longues pour lutter contre la pandémie, ces actions semblent être payantes en termes de perspectives économiques", a pour sa part observé Royce Mendes, analyste chez CIBC.

La contraction de l'économie canadienne au deuxième trimestre fait suite à celle observée aux Etats-Unis, qui ont enregistré une chute historique du PIB de 31,7% en rythme annuel.

L'économie canadienne devrait "nettement surpasser les Etats-Unis au troisième trimestre", a-t-il ajouté.

"C'était un trimestre à oublier pour l'économie du Canada", a jugé M. Mendes.

L'analyste a noté toutefois une hausse du revenu disponible des ménages, les aides gouvernementales aux Canadiens ayant plus que contrebalancé l'envolée l'historique du taux de chômage.

La rémunération des employés a diminué de 8,9%, soit la plus forte baisse jamais enregistrée.

Le taux d'épargne des ménages est passé de 7,6% à 28,2%, "ce qui pourrait laisser des liquidités supplémentaires pour les temps à venir", selon l'analyste.

Les dépenses des ménages ont diminué de 13,1% au deuxième trimestre, en raison des pertes d'emplois importantes, de la fermeture des commerces non essentiels et des restaurants, ainsi que des restrictions de voyage et activités touristiques.

La baisse des dépenses des ménages a touché à la fois les biens et les services, avec des reculs concernant les achats de voitures, les vêtements, les services de restauration et d'hébergement ainsi que de transport.

Les investissements des entreprises ont chuté de 16,2%, en raison des activités de construction limitées, des fermetures d'usines, des faibles prix du pétrole et d'une incertitude accrue.

Les exportations (-18,4%) et les importations (-22,6%) ont fléchi, les principaux partenaires commerciaux du Canada, notamment les Etats-Unis, la Chine et la plupart des pays d'Europe, ayant mis en oeuvre des mesures de santé publique semblables.

afp/rp