Paris (awp/afp) - Le groupe agro-industriel InVivo et sa filiale Teract ont mis un terme à leur projet de rapprochement avec le distributeur en difficulté Casino, se limitant à envisager jeudi un partenariat, laissant en première ligne le trio Niel-Pigasse-Zouari d'une part, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky d'autre part.

Le fondateur de Free Xavier Niel, le banquier d'affaires Matthieu Pigasse et le spécialiste de la distribution Moez-Alexandre Zouari, les trois cofondateurs de Teract, ont annoncé jeudi soir "en leur nom" vouloir "faire émerger une solution industrielle et financière pérenne" pour Casino, écrasé par le poids de sa dette.

Ce sera donc sans Teract en tant qu'entité même si un "potentiel partenariat opérationnel" reste sur la table, selon un communiqué de Teract et Casino. Et sans InVivo, propriétaire à plus de 75% de Teract (enseignes Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise) et union de 188 coopératives agricoles.

"Teract et le groupe Casino ont décidé, d'un commun accord, de ne pas poursuivre" leurs discussions, écrit Casino. Et ce, "considérant l'évolution du contexte", a précisé Teract.

"Adaptation de la dette" ___

Le média spécialisé La Lettre A avait écrit plus tôt jeudi qu'InVivo ne souhaiterait pas investir "un centime dans l'opération de rachat en cours" de Casino, étant par ailleurs mobilisé depuis fin mars sur un projet d'acquisition du producteur de malt australien United Malt Group, moyennant jusqu'à 1,5 milliard de dollars australiens (930 millions d'euros).

Ce nouvel épisode ne remet pas en cause l'accord précédemment conclu avec la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, qui s'était un temps joint aux discussions avec Teract mais avait finalement conclu dès la fin mai un accord avec Casino. Un accord prévoyant d'une part un renforcement de leurs partenariats à l'achat, d'autre part de la cession d'une grosse centaine de magasins.

Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari --qui est par ailleurs un important franchisé du groupe Casino-- prévoient "un renforcement des fonds propres" de Casino ainsi qu'une "adaptation de la dette existante aux capacités du groupe et à la préservation de son potentiel de croissance".

L'idée, selon des informations de presse confirmée jeudi à l'AFP par une source proche du dossier, serait de créer un véhicule financier abondé à hauteur de 300 millions d'euros, et d'inviter les créanciers de Casino, ainsi que "l'ensemble des acteurs intéressés à participer au redressement d'un acteur historique de la distribution", à apporter de nouveaux capitaux.

Daniel Kretinsky a de son côté proposé à certains créanciers de payer environ 40% des créances dues, selon des informations de presse de fin mai confirmées par une source proche du dossier, soit en liquide, soit par une conversion en actions, soit par une combinaison des deux.

Il a proposé d'apporter au distributeur 750 millions d'euros dans le cadre d'une augmentation de capital.

Quatre mois de conciliation ___

Casino avait officialisé vendredi son entrée dans une procédure de conciliation pour une période de quatre mois afin de renégocier son important endettement. Cette procédure amiable, qui laisse la direction du groupe aux manettes --contrairement à une situation de redressement judiciaire par exemple--, doit permettre de conclure un accord avec ses créanciers en vue d'une restructuration de la dette.

Le groupe, qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France sous de nombreuses enseignes dont Monoprix, Franprix ou Pao de Acucar au Brésil, était endetté à hauteur de 6,4 milliards d'euros à fin 2022, dont 4,5 milliards sur son activité en France, selon ses données officielles.

Le PDG du groupe, Jean-Charles Naouri, a en outre passé une journée en garde à vue la semaine dernière, dans une affaire de manipulation de cours et délit d'initié présumés. Il a été remis en liberté sans charge retenue contre lui à ce stade.

A cette occasion, Xavier Niel lui avait apporté son soutien, "un jour où tout le monde a envie de taper sur lui", saluant sur BFM Business son "super parcours".

afp/rp