Pékin (awp/afp) - Les réserves de devises étrangères de la Chine ont fondu en avril à leur plus faible niveau en cinq mois, en raison d'un renforcement du dollar et non d'interventions des autorités, selon les analystes, alors que s'apaisent les craintes de fuites de capitaux à l'étranger.

Les colossales réserves chinoises de change, les plus importantes du monde, ont baissé de 18 milliards de dollars le mois dernier, trébuchant à 3.125 milliards fin avril, selon des données de la banque centrale publiées lundi.

Ce repli plus fort qu'attendu a été alimenté par des fluctuations du marché des changes, en particulier un net renchérissement de la monnaie américaine, qui a entamé d'autant la valeur (exprimée en dollars) des autres devises conservées dans les réserves chinoises.

"La baisse est principalement due à des effets de changes, et la banque centrale (PBOC) s'est probablement largement abstenue d'intervenir", par exemple en puisant dans les réserves de change pour soutenir le yuan, insiste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Les régulateurs chinois ont d'ailleurs récemment adopté des mesures pour assouplir les contrôles de capitaux, avec de nouveaux quotas pour des investissements vers l'étranger, pour la première fois en deux ans, rappelle l'analyste.

Le nouveau gouverneur de la PBOC Yi Gang lui même s'était engagé à ouvrir davantage les comptes de capitaux sur l'année en cours.

Autant de signes, pour les experts, suggérant que les craintes de fuites massives de capitaux tendent à s'apaiser au sommet du régime communiste.

En 2015 et 2016, la fuite de capitaux hors du pays -- de la part d'investisseurs fuyant le ralentissement de l'économie chinoise et attirés par des placements plus rémunérateurs ailleurs -- avait fait pression sur la valeur du yuan, obligeant la PBOC à puiser dans ses réserves de change pour racheter des yuans et ainsi soutenir le cours de la devise.

Mais après deux années d'hémorragie, et un plongeon à près de 3.000 milliards de dollars, les réserves de devises étrangères de la Chine ont gonflé de 130 milliards en 2017, la stabilité relative du cours du yuan réduisant les interventions de la banque centrale.

Cependant, si les flux de capitaux hors de Chine "devaient s'envoler à nouveau et intensifier la pression sur le yuan, en raison de l'appréciation du dollar (qui rend plus attractifs les placements dans la monnaie américaine, NDLR) ou à cause d'un essoufflement économique chinois, la PBOC reprendra ses vastes interventions sur le marché des changes et durcira les contrôles" sur les mouvements financiers, avertit M. Evans-Pritchard.

Les réserves chinoises sont largement composées de bons du Trésor américains, Pékin étant le premier détenteur de dette américaine, même si cela ne lui est guère aisé d'en faire un instrument de pression dans ses différends commerciaux avec Washington.

afp/rp