Pékin (awp/afp) - L'indice des prix à la consommation en Chine, jauge de l'inflation dans le pays, a nettement reflué en avril, grâce au sur-place des prix alimentaires et en dépit des tensions commerciales, tandis que les prix à la production accéléraient après une longue période d'essoufflement.

Les prix à la consommation ont progressé le mois dernier de 1,8% sur un an, a indiqué jeudi le Bureau national des statistiques (BNS), un ralentissement plus marqué qu'attendu par les analystes sondés par l'agence Bloomberg, qui misaient sur une progression de 1,9%.

L'inflation s'était établie à 2,1% en mars, après être montée à 2,9% en février, sa plus forte accélération en quatre ans, à la faveur du pic d'achats liés au Nouvel an lunaire.

Principal facteur du reflux: les prix alimentaires, poids lourd de l'indice, ont fait quasiment du sur-place en avril, avec une maigre appréciation de 0,7% sur un an (contre 2,1% le mois précédent), après que se soient complètement estompés les effets du pic de consommation des congés du Nouvel an lunaire.

Les prix du porc, viande vedette des tables chinoises, ont même chuté de 16% sur un an. Les coûts des transports se sont également modérés.

"Les statistiques d'aujourd'hui témoignent d'une modération des tensions inflationnistes, le pic est déjà passé", commente Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

Pékin s'est fixé pour 2018 un niveau-cible d'inflation "d'environ 3%".

Les actuelles tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, qui attisent le risque d'une guerre douanière, pourraient cependant contribuer à renchérir les prix à la consommation -- si Pékin décidait de taxer des produits américains, en particulier le soja et le porc.

De son côté, l'indice mesurant les prix à la production (PPI) s'est repris vigoureusement, grimpant de 3,4% sur un an en avril, conformément aux attentes du marché, après cinq mois consécutifs de ralentissement.

Ce chiffre, basé sur les prix sortie d'usine et baromètre de l'activité industrielle, reflète autant la demande chinoise que les pressions mondiales sur les cours des matières premières. Il s'était apprécié de 3,1% en mars.

Pour autant, la nette reprise de la production industrielle, après les réductions ou fermetures ordonnées durant l'hiver pour réduire la pollution, continue de tirer les prix sortie d'usine vers le bas, et le déclin des cours des matières premières pourrait contribuer à les faire trébucher, selon M. Evans-Pritchard.

Selon lui, l'apaisement des pressions inflationnistes en Chine "élargit les marges de manoeuvre de la banque centrale (PBOC) pour réaliser de nouveaux assouplissements monétaires" afin de stimuler une activité économique en refroidissement.

afp/rp