La publication jeudi de cette statistique intervient en plein débat au niveau européen sur la pertinence des politiques d'austérité mises en oeuvre à travers le continent pour tenter d'assainir les comptes publics alors que de nombreux pays, à commencer par l'Espagne, sont plongés dans la récession.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a lui-même déclaré lundi que cette politique avait "atteint ses limites", bien que son institution soit précisément chargée de surveiller le sérieux budgétaire des Etats membres de l'UE.

Les économistes interrogés par Reuters anticipaient un taux de chômage de 26,5% en Espagne, quatrième économie de la zone euro. Il était de 26% au dernier trimestre 2012.

"Ces chiffres sont pires que prévu et illustrent la gravité de la situation économique en Espagne ainsi que le décalage choquant entre l'économie réelle et la finance", a commenté José Luis Martinez, responsable de la stratégie de la banque Citi à Madrid.

L'éclatement de la bulle immobilière, gonflée pendant une décennie par le crédit facile, a jeté des millions d'employés du secteur du bâtiment au chômage depuis 2009 et entraîné l'ensemble de l'économie espagnole, notamment les services, dans la récession.

COLÈRE

La situation a été aggravée par les coupes dans les dépenses publiques et les hausses d'impôts et de taxes décidées par les gouvernements successifs de gauche et de droite pour contenir l'envolée des déficits publics et tenter de rassurer les marchés financiers.

Comme pour l'Italie, les coûts d'emprunt de l'Espagne ont pourtant atteint cette semaine leur plus bas niveau depuis plus de deux ans sur les marchés financiers et des responsables européens ont commencé à évoquer ouvertement un relâchement des efforts budgétaires.

Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy doit présenter vendredi à la Commission européenne son programme national de réforme, que chaque pays de l'UE doit soumettre en avril.

Face à la colère des Espagnols confrontés aux conséquences sociales des politiques de rigueur, le président du gouvernement a assuré que ce programme ne contiendrait aucune mesure supplémentaire d'austérité.

Les manifestations sont désormais fréquentes en Espagne et des milliers de policiers ont été mobilisés ce jeudi pour encadrer un rassemblement aux abords du parlement.

De nombreux économistes doutent que le programme de réforme de Mariano Rajoy suffise à relancer l'économie espagnole et à créer des emplois.

Le Fonds monétaire international (FMI) prédit un taux de chômage de 26,5% en 2014 en Espagne.

Avec Manuel Maria Ruiz; Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand

par Paul Day