(Actualisé tout au long, discours économique du président au Parlement)

par Patrick Werr et Tom Perry

LE CAIRE, 29 décembre (Reuters) - La Banque centrale d'Egypte a annoncé samedi un nouveau système d'enchères pour l'achat et la vente de dollars visant à protéger les réserves du pays en devises étrangères qui ont chuté pour atteindre un niveau qualifié officiellement de "critique".

Les soubresauts politiques qui ont prévalu en décembre (manifestations de rue, référendum constitutionnel, etc...) ont amené investisseurs et citoyens de base à changer leurs livres égyptiennes en dollars américains par crainte d'une dévaluation ou de l'instauration par le gouvernement d'un contrôle des capitaux.

La Banque centrale a puisé plus de 20 milliards de dollars dans ses réserves en devises étrangères pour soutenir le cours de la livre égyptienne depuis la "révolution du Nil", qui a renversé en février 2011 le président Hosni Moubarak et fait fuir investisseurs et touristes étrangers.

"Le niveau actuel des réserves en devises étrangères constitue une limite minimale et critique", a mis en garde l'institut d'émission sur son site internet.

Les réserves ont chuté de 448 millions de dollars en novembre pour s'établir à 15,05 milliards de dollars, tout juste suffisant pour assurer trois mois d'importations.

Pour les banquiers, la ruée actuelle sur le "billet vert" a en outre toutes les chances d'aggraver la situation en décembre.

Le nouveau système d'enchères, qui entrera en fonction dimanche, a été annoncé quelques heures après un grand discours de politique économique de Mohamed Morsi dans lequel le président, issu des Frères musulmans, a pourtant fait état de signes d'amélioration.

"ENORME REVERS"

Devant la Chambre haute du Parlement, l'orateur a cité des indicateurs positifs comme un retour des touristes et une hausse de la croissance annuelle de 2,6% au troisième trimestre, contre 1,8% il y a un an.

Avant les troubles politiques qui ont éclaté en 2011 et balayé le régime Moubarak, l'Egypte connaissait une croissance économique de cinq à sept pour cent.

Mohamed Morsi a également annoncé une augmentation entre juillet et novembre de 1,1 milliard de dollars des réserves de devises étrangères, qui ont atteint un montant total de 15,5 milliards de dollars.

L'Egypte a obtenu en novembre l'accord préliminaire du Fonds monétaire international pour l'octroi d'un prêt de 4,8 milliards de dollars. Mais l'accord définitif avec le FMI a été repoussé à janvier 2013 après la décision du Caire de suspendre l'application d'une série de hausses d'impôts.

"C'est un énorme, énorme revers (pour les Egyptiens)", a commenté un économiste basé hors de l'Egypte à propos de la chute des réserves de devises étrangères.

"Si la livre égyptienne n'est plus librement convertible, cela aura pour effet de détricoter huit années de gestion monétaire réussie et efficace", a-t-il expliqué.

Dans son intervention, retransmise en direct à la télévision, le président a souligné que certains indicateurs éconmiques s'étaient améliorés "malgré les circonstances difficiles auxquelles le gouvernement est confronté ainsi que les énormes défis qui attendent l'économie nationale".

Le nouveau "raïs" a aussi minimisé la portée de la décision de l'agence de notation Starndard&Poors d'abaisser lundi la note à long terme de la dette égyptienne, indiquant que ce n'était pas la première dégradation depuis la "révolution du Nil".

(Jean-Loup Fiévet pour le service français)