Alors que l'industrie est à la peine avec un nombre considérable d'usines à l'arrêt, le groupe franco-italien fait un peu figure d'exception depuis le début du confinement. Que ce soit à Crolles (Isère, 4 000 salariés), Rousset (Bouches-du-Rhône, 2 500 salariés) ou Tours (Indre-et-Loire, 1 600 salariés), l'activité se poursuit grâce à un dialogue social efficace. « Dès le vendredi qui a précédé le confinement, nous nous sommes mis d'accord avec la direction sur les principales mesures à prendre en matière de sécurité dans tous les établissements, explique Éric Potard, délégué syndical central CFDT. Un accord a été signé dès le 18 mars. »

Des mesures de protection

L'ensemble des salariés qui pouvaient télétravailler a ainsi été appelé à se confiner. Dans un premier temps, la direction voulait organiser un roulement pour qu'une partie soit sur le site, mais elle s'est rapidement rangée à l'avis des élus du personnel. À la production, il a été décidé de confiner tout le personnel à risque (personnes cardiaques, asthmatiques, etc.). L'entreprise a, il est vrai, une médecine du travail sur place dans les plus importantes usines, ce qui a facilité le repérage et la procédure. La direction s'est engagée à maintenir le salaire de ces personnes « mises en sécurité ». Enfin, pour les salariés qui doivent se rendre sur le lieu de travail, il a été prévu de diviser par deux la production afin de pouvoir respecter la distanciation sociale. « En fonction des usines, cette baisse de la production a un impact différent sur les effectifs, explique Éric Potard. Dans certains sites très automatisés, cela a moins d'impact sur l'emploi que dans d'autres où les équipes ont été divisées par deux. » Outre les règles de distanciation sociale, il est prévu la mise à disposition de gel hydroalcoolique et la prise de température à l'entrée des sites. Au moindre doute, les salariés sont invités à rentrer chez eux et toute personne ayant une température au-delà de 38 °C se voit catégoriquement interdite d'accès.

Afin de limiter les contacts, les salariés sont par ailleurs incités à venir travailler sans utiliser les transports en commun. La direction a accepté de prendre en charge ce coût. Les salariés seront remboursés en juin sous la forme d'indemnités kilométriques. Enfin, l'entreprise s'est engagée à ne pas avoir recours au chômage partiel. L'ensemble du personnel peut donc conserver son salaire, quelle que soit son activité. « Entre la mise en sécurité des personnes fragiles et les arrêts pour garde d'enfants, nous ne pouvons pas dire que nous sommes en sureffectif de toute façon, souligne Éric Potard. Dans certains cas, il est possible que des salariés fassent moins d'heures, mais ce n'est pas significatif. »

Une approche syndicale différente

La négociation a montré une ligne de fracture entre les organisations syndicales. L'accord a en effet été signé par la CFE-CGC (38 %, première organisation syndicale) et la CFDT (22 %, troisième) mais pas par la CGT (26 %, deuxième organisation). À l'image des négociations qui se tiennent à l'échelle nationale, la métallurgie milite pour l'arrêt de toutes les activités jugées non stratégiques à court terme. « Nous avons une vision tout autre, explique Éric Potard. La sécurité des salariés est bien entendu notre priorité, mais nous souhaitons préserver l'activité quand cela est possible. D'une part, il est difficile de déterminer quelles activités sont stratégiques et quelles activités ne le sont pas. Si nous nous arrêtons totalement, nous pouvons pénaliser d'autres usines qui seraient considérées comme stratégiques. D'autre part, stopper la production n'est pas si simple techniquement et pourrait mettre en danger l'activité au moment du redémarrage. »

Une prime de présence

Une fois obtenu un accord relatif aux mesures de sécurité, les discussions ont rapidement repris en ce qui concerne la rémunération des salariés devant se rendre dans les usines. Après plusieurs demandes visant à mettre en place une prime de présence, un second accord a finalement été signé par la CFDT et la CFE-CGC le 25 mars ; il couvre l'ensemble des sites français (soit neuf sites) avec effet rétroactif pour la période s'étalant du 15 mars au 30 avril. Cet accord constitue une reconnaissance salariale concrète des difficultés spécifiques (conditions de déplacement domicile-travail et charge de travail) des salariés appelés à exercer leurs fonctions sur les sites de production de l'entreprise. Le texte comporte trois mesures principales : une prime de présence de 450 euros brut (proratisée selon le temps de présence) pour la période du 15 mars jusqu'à au 30 avril, bénéficiant à tous les salariés travaillant sur site ; une prime fixe de 350 euros brut pour tous les salariés qui ont travaillé régulièrement pendant la période (c'est-à-dire quatre semaines sur les six semaines couvertes par l'accord) ; le maintien de la prime industrielle pour tous les salariés, y compris ceux en arrêt de travail. Les deux primes exceptionnelles seront versées avec la paie de juillet. « Même si tout n'est pas parfait, on peut se féliciter que ces deux accords permettent de passer la période le moins mal possible, conclut Éric Potard. Sur le terrain, les échos qui me remontent révèlent que les mesures sont mises en place et que tout le monde joue le jeu en bonne intelligence. »

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photo Ian Hanning / Réa

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