(actualisé avec citation de Jarba, 6e paragraphe)

par Gabriela Baczynska

MOSCOU, 4 février (Reuters) - Le régime de Bachar al Assad participera à la prochaine séance de pourparlers sur la Syrie prévue à partir du 10 février à Genève, a déclaré mardi un vice-ministre russe des Affaires étrangères.

"Nous n'avons aucun doute sur le fait que la délégation gouvernementale participera au deuxième cycle de pourparlers internationaux à Genève", a déclaré Mikhaïl Bogdanov avant des entretiens à Moscou entre des responsables russes et Ahmed Jarba, chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale structure de l'opposition à Bachar al Assad.

C'est la première fois que Moscou accueille le dirigeant de la CNS depuis le début du conflit en mars 2011, alors que la Russie est l'une des principales alliées du régime syrien.

Une première séance de négociations entre régime et opposition à Genève, étalée sur une semaine, s'est achevée vendredi sans avancée notable pour mettre fin au conflit en Syrie.

Assis face au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans un salon de la résidence des invités du ministère, Ahmed Jarba a déclaré mardi que l'opposition participerait bien aux prochaines discussions "en dépit du fait que des barils d'explosifs ont continué d'être largués sur des civils pendant la séance de pourparlers à Genève".

"Nous avons désormais de bonnes relations avec la Russie", a dit le dirigeant de la CNS. "Les Russes comprennent maintenant mieux la position de notre coalition", a-t-il ajouté.

Selon Jarba, le régime ne s'est pas engagé lors la première séance de négociations à suivre les étapes définies lors d'une précédente conférence internationale à Genève en juin 2012, en vue de mettre fin aux combats et de former par consentement mutuel une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs.

Pour l'opposition, les pourparlers doivent déboucher sur la mise à l'écart de Bachar al Assad tandis que le régime met pour sa part l'accent sur la lutte contre le "terrorisme", terme par lequel il désigne ses adversaires, tout en n'excluant pas une candidature du président syrien à sa propre succession cette année.

Pour Moscou, le départ du pouvoir de Bachar al Assad ne doit pas constituer une condition préalable à une solution politique et la Russie rejette les accusations en provenance d'Occident selon lesquelles elle cherche à protéger le dirigeant syrien.

FABIUS ACCUSE LA SYRIE DE "FREINER" SUR LES ARMES CHIMIQUES

Sergueï Lavrov a souligné mardi que la Russie n'avait eu de cesse depuis le début du conflit d'oeuvrer à la recherche d'une solution aux côtés de tous les protagonistes de ce dossier.

Un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a déclaré mardi que la Syrie pouvait se séparer d'ici le 1er mars de l'intégralité de son stock de produits permettant la fabrication d'armes chimiques.

L'abandon par la Syrie de son stock d'armes chimiques est la conséquence d'un accord passé entre la Russie et les Etats-Unis pour éviter des bombardements américains à la suite d'une attaque chimique dans la banlieue de Damas le 21 août, qui a fait des centaines de morts selon Washington.

La procédure a toutefois pris du retard et la date-butoir, fixée à cette semaine, pour l'envoi hors de Syrie de l'intégralité des agents toxiques ne sera pas respectée, a rapporté Reuters la semaine dernière. (voir )

Les Etats-Unis ont sommé vendredi le régime Assad d'accélérer le transfert de ses armes chimiques, des responsables américains l'accusant de traîner les pieds.

Interrogé par Reuters, Sergueï Riabkov, également vice-ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré lundi qu'il était inutile d'exercer une "pression politique" sur Damas car le retard dans la mise en oeuvre de l'accord passé entre la Russie et les Etats-Unis est imputable, selon lui, à des problèmes sécuritaires et logistiques dans un pays en guerre.

L'objectif de cet accord est de parvenir d'ici fin juin à la destruction de l'ensemble de l'arsenal chimique syrien, sous la supervision de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

"Il y a nécessité que le gouvernement de Bachar al Assad respecte ses engagements sur la destruction des armes chimiques", a déclaré mardi Laurent Fabius, selon lequel le régime syrien "freine sur la destruction des armes chimiques".

Ainsi, c'est "seulement 5% des armes chimiques" qui sont en train de sortir de Syrie, "alors qu'au 1er février on devait être à 100%", a souligné le ministre français des Affaires étrangères.

Dans certaines chancelleries occidentales, le retard pris dans le processus de destruction de l'arsenal syrien est interprété comme une manoeuvre de Bachar al Assad destinée à lui permettre de conserver des atouts dans sa main lors des pourparlers de Genève. (Avec Marine Pennetier à Paris, Clémence Apetogbor et Eric Faye pour le service français)