par Adrian Croft et Matt Falloon

LONDRES, 12 décembre (Reuters) - David Cameron a défendu lundi devant le Parlement de Londres sa décision de se tenir à l'écart de la réforme des institutions européennes, tout en soulignant que la Grande-Bretagne restait membre à part entière de l'UE parce que cette appartenance est "vitale" à ses intérêts.

Le Premier ministre britannique a affirmé qu'il s'était rendu à Bruxelles la semaine dernière avec l'espoir qu'un accord à 27 serait trouvé mais qu'il était avant tout de son devoir de demander des garanties pour son pays.

"L'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne est vitale à notre intérêt national", a-t-il dit, précisant qu'il souhaitait le succès du nouvel accord en préparation pour la zone euro et qu'il accueillerait de manière constructive toute proposition de ses partenaires.

"La Grande-Bretagne reste membre à part entière de l'UE et les événements de la semaine dernière ne changent rien à cela (...) Nous sommes dans l'UE et nous voulons y rester."

La décision de David Cameron de ne pas s'engager dans le nouveau traité européen négocié la semaine dernière et visant à renforcer les règles budgétaires s'appliquant aux Etats membres a isolé les Britanniques au sein des Vingt-Sept.

"La bonne réponse à donner, c'était 'pas de traité'. Ça n'a pas été chose facile mais c'était la bonne chose à faire", a dit le Premier ministre aux députés britanniques.

Le veto de David Cameron a provoqué des tensions avec ses partenaires libéraux démocrates, membres de la coalition au pouvoir depuis les élections législatives de mai 2010.

CLEGG "AMÈREMENT DÉÇU"

Nick Clegg, le chef de file des libéraux démocrates, a reconnu être "amèrement déçu" par le résultat du sommet de Bruxelles et a jugé que le refus de David Cameron constituait une "mauvaise chose pour la Grande-Bretagne".

Malgré son mécontentement, il a tempéré son propos en reconnaissant qu'une fracture au sein de la coalition serait un "désastre économique" à un moment où le pays flirte avec la récession.

Quant au dirigeant travailiste Ed Miliband, il a jugé que le veto de David Cameron était "mauvais pour les affaires, mauvais pour l'emploi et mauvais pour la Grande-Bretagne".

Avant le sommet de Bruxelles, le camp conservateur avait exhorté son leader à faire preuve de fermeté pour défendre les intérêts britanniques face aux Européens.

En octobre, 81 parlementaires conservateurs, soit un peu plus d'un quart de la chambre des Communes, avaient soutenu un appel en faveur d'un référendum sur la présence de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne.

Pour le président français Nicolas Sarkozy, le refus du Royaume-Uni d'adhérer au nouveau traité divise l'Union européenne en deux entités attachées à des valeurs distinctes.

"Nous avons tout fait, la chancelière et moi, pour que les Anglais soient partie prenante à l'accord", a-t-il dit dans un entretien au journal Le Monde. "Mais il y a désormais clairement deux Europe. L'une qui veut davantage de solidarité entre ses membres, et de régulation. L'autre qui s'attache à la seule logique du marché unique."

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a également regretté la décision de Londres.

"Je regrette beaucoup que le Royaume-Uni n'ait pas voulu se joindre à ce nouveau pacte budgétaire, je le regrette autant pour le bien de l'Europe et la réponse à la crise qu'elle traverse que pour le bien des citoyens britanniques et les perspectives qui s'offrent à eux", a-t-il dit. (Avec Mohammed Abbas, Tim Castle et Stefano Ambrogi, Guy Kerivel pour le service français, édité par Gilles Trequesser)