Plus de 1.500 dirigeants d'entreprises et une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus du 23 au 27 janvier dans la petite station de sports d'hiver suisse pour ce rituel mondain très couru chaque année.

"Il est très clair que l'avenir de l'économie mondiale est fondé sur le rétablissement de la confiance. Rétablir la confiance dans les dirigeants, rétablir la confiance dans notre avenir. Et cela signifie que nous devons sortir du mode crise", a déclaré le fondateur du Forum, Klaus Schwab, lors d'une conférence de presse.

Pour y parvenir, le chemin risque d'être difficile, à en croire l'enquête annuelle de la société de relations publiques Edelman publiée lundi.

Cette étude réalisée dans 26 pays montre certes un léger regain de confiance dans les entreprises et les gouvernements par rapport à l'an dernier mais seules 26% des personnes interrogées font confiance aux chefs d'entreprise pour résoudre les problèmes sociaux et 15% aux chefs de gouvernement.

Dix-neuf pour cent seulement des sondés estiment que les entreprises sont capables de décisions moralement justes. La même question posée à propos des politiques ne donne que 14% de "oui".

"Il y a un manque de confiance incroyable en ceux qui dirigent", commente Richard Edelman, le directeur général de la société. "Les niveaux de confiance dans les gouvernements sont plus mauvais que dans les entreprises, mais l'un et l'autre sont atroces."

Richard Edelman souligne que les dirigeants politiques et économiques pâtissent des scandales à répétition dans le monde bancaire, ainsi que de divers scandales et controverses qui vont des aveux de dopage du coureur cycliste Lance Armstrong à la mise à l'écart de l'homme politique chinois Bo Xilai après un meurtre impliquant sa femme, en passant par le scandale de moeurs à la BBC.

CHOCS ET MALAISE

Bien que l'Europe ait réussi à éviter un effondrement de l'euro en 2012 et que les Etats-Unis aient repoussé le "mur budgétaire", un rapport sur les risques mondiaux publié début janvier par le Forum économique mondial montre que les dirigeants d'entreprises et experts économiques craignent que la classe politique ne parvienne pas à résoudre les grands problèmes.

Le rapport cite les inégalités et le fardeau de la dette publique comme les menaces économiques les plus fortes et souligne les interrogations croissantes au sujet du climat.

"Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité faite de chocs soudains et d'un malaise économique général prolongé", estime Klaus Schwab. "La croissance à l'avenir, dans ce contexte nouveau, nécessite du dynamisme, une vision audacieuse et des actions encore plus audacieuse."

Pour les dirigeants politiques, l'enjeu est donc immense et il en va de leur crédibilité au moment où nombre d'entre eux s'apprêtent à remettre leur mandat en jeu devant le suffrage universel.

Mario Monti doit défendre son programme d'austérité lors des législatives fin février tandis que son homologue allemande Angela Merkel espère que la défaite de son parti aux élections régionales dimanche n'empêchera pas sa réélection aux législatives fédérales de septembre prochain.

La crise des otages en Algérie, l'intervention française au Mali et les retombées des Printemps arabes devraient être également débattus à Davos, où sont attendus de nombreux dirigeants africains et proche-orientaux ainsi que plusieurs responsables de sociétés pétrolières et gazières.

Pour aider les dirigeants à rechercher des idées concrètes et innovantes alors qu'émergent les premiers signes d'un léger mieux économique mondial, les organisateurs du Forum proposent des séances de méditation matinale et même une rencontre avec un joueur de trombone intitulée : "Comment le jazz peut-il servir de modèle pour la diplomatie, la direction, la collaboration et l'innovation?"

L'élite mondiale réunie à Davos sera comme toujours très protégée, mais cela n'empêchera pas la remise par des impertinents du prix de "la pire entreprise de l'année" tandis que quelques Suisses prévoient de protester contre la spéculation financière.

Parmi les figures en vue du monde économique présentes à Davos, figurent le président de la banque suisse UBS, Axel Weber, et Jamie Dimon, le PDG de la banque américaine JP Morgan Chase.

Selon l'enquête Edelman, la banque est le secteur qui reste le plus décrié : seuls 50% des sondés lui font confiance.

Danielle Rouquié pour le service français, édité par Marc Angrand

par Emma Thomasson