par Parisa Hafezi

VIENNE, 18 février (Reuters) - Les négociations ont débuté mardi à Vienne entre l'Iran et les puissances du P5+1 en quête d'un accord définitif sur le programme nucléaire de la république islamique dont l'élaboration sera "compliquée, difficile et très longue", de l'aveu d'un responsable américain.

Cette session de pourparlers devrait durer deux à trois jours.

C'est la première fois que les représentants de l'Iran et des puissances du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu - Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne - plus l'Allemagne) se retrouvent depuis la conclusion d'un accord intérimaire le 24 novembre dernier à Genève.

Entré en vigueur le 20 janvier, cet accord a conduit l'Iran à suspendre ses activités nucléaires les plus sensibles en échange d'une levée limitée de certaines sanctions.

Il a également ouvert une période de six mois durant laquelle les parties impliquées vont tenter de parvenir à un règlement définitif du contentieux sur le programme nucléaire iranien.

Si un compromis historique est trouvé, les tensions pourraient retomber entre la république islamique et les puissances occidentales, et le risque d'une escalade militaire au Moyen-Orient s'éloignerait.

Mais la méfiance et le fossé qui séparent les deux camps rendent tout optimisme déplacé. Le président américain Barack Obama lui-même juge que les chances de succès n'excèdent par les 50% tandis qu'Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, a réaffirmé lundi que le processus ne mènerait "nulle part". (Voir )

A Vienne, un haut représentant de l'administration américaine a prévenu la presse que le processus serait "compliqué, difficile et très long".

DÉTERMINER L'AGENDA DES NÉGOCIATIONS

"Nos discussions ont été bonnes et nous essayons de fixer un agenda", a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, à l'issue d'une première séance de discussions qui a duré 40 minutes.

"Si nous pouvons nous entendre sur un programme (de discussions) au cours des deux ou trois prochains jours, cela voudra dire que nous avons franchi la première étape", a-t-il ajouté.

Les discussions actuelles visent à créer "un cadre pour de futures négociations", a confirmé un porte-parole de Catherine Ashton, la Haute Représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune qui coordonne les négociations.

Il a ajouté que des réunions bilatérales avaient également eu lieu au cours de cette première journée.

Après une première journée au siège de l'AIEA, les négociations devraient se poursuivre dans un hôtel luxueux du centre de Vienne où sont descendus les chefs des différentes négociations.

L'objectif que recherchent les Américains et leurs alliés européens est d'allonger le temps qui serait nécessaire à l'Iran pour produire la quantité de matière fissile nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.

Pour que cet objectif soit atteint, experts et diplomates indiquent que l'Iran devrait limiter l'enrichissement de l'uranium à des degrés de concentration faibles, désactiver la plupart de ses centrifugeuses, freiner ses programmes de recherche et se soumettre à des inspections renforcées de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

L'Iran, qui soutient que son programme nucléaire n'a que des visées pacifiques, a indiqué à plusieurs reprises qu'il n'accepterait pas que de telles limites soient fixées à son programme nucléaire. (avec Justyna Pawlak, Fredrik Dahl et Louis Charbonneau; Henri-Pierre André pour le service français)