14 juin (Reuters) - Des centaines d'enfants ont été tués et torturés par les forces de sécurité birmanes depuis le coup d'Etat de 2021, non seulement comme victimes collatérales des affrontements mais en tant que cibles délibérées de la junte pour semer la terreur, a déclaré mardi un expert de l'Onu.

Des mineurs ont été battus à mort ou poignardés, certains ont eu les ongles et les dents arrachés, d'autres ont subi des simulacres d'exécutions, détaille Tom Andrews, rapporteur des Nations unies pour les droits de l'homme en Birmanie, dans un rapport publié mardi.

La junte militaire, qui dénonce régulièrement les ingérences de l'Onu et des pays occidentaux, n'a pu être immédiatement jointe pour réagir à ces accusations.

Selon le rapport, qui s'appuie sur des informations des agences de l'Onu, d'organisations humanitaires et de groupes de défense des droits humains, quelque 250.000 enfants ont été déplacés par les combats en Birmanie et au moins 382 ont été tués, dont certains dans des bombardements aériens ou des tirs d'artillerie.

"Les attaques incessantes de la junte contre des enfants soulignent la perversité des généraux (de la junte, NDLR) et leur volonté d'infliger d'immenses souffrances à des victimes innocentes pour soumettre le peuple", écrit Tom Andrews dans un communiqué.

"Les attaques de la junte contre les enfants sont constitutives de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre", ajoute-t-il.

Le coup d'Etat militaire de l'an dernier et la répression brutale qui s'en est suivie ont fait replonger la Birmanie dans la guerre civile, de nombreux groupes ayant pris les armes pour résister.

Dans ce contexte, l'Onu a rassemblé des informations selon lesquelles au moins 142 enfants ont été torturés par des militaires, des policiers ou des milices pro-junte, indique le rapport, qui fait aussi état d'une augmentation du travail forcé des mineurs, y compris en tant qu'enfants-soldats.

Tom Andrews appelle les membres des Nations unies à isoler financièrement la junte et à "répondre à la crise en Birmanie avec le même caractère d'urgence que pour la crise en Ukraine".

(Rédigé par Martin Petty, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)