LE CAIRE, 19 février (Reuters) - Dix mille Egyptiens ont manifesté mardi à Port-Saïd pour réclamer justice après la mort d'une quarantaine de personnes le mois dernier lors d'émeutes dans cette ville située au débouché du canal de Suez sur la Méditerranée.

Les usines de la ville ont été paralysées par ce mouvement de protestation qui n'affecte cependant pas l'activité du canal. Les écoles étaient vides, de nombreux enseignants et élèves s'étant joints à la protestation.

Les émeutes de la fin janvier ont éclaté après la condamnation à mort de 21 personnes, des supporters du club de football Al Masri de Port-Saïd, mises en cause dans une bousculade qui a fait 74 morts en février 2012 dans le stade de la ville.

Pour endiguer ces violences, le président Mohamed Morsi avait alors décrété l'état d'urgence pour trente jours dans trois provinces le long du canal.

Les manifestants, qui avaient déjà organisé des rassemblements de moindre importance ces derniers jours, accusent le gouvernement de rester sourd à leurs revendications et promettent de poursuivre leur campagne de "désobéissance civile".

Ils exigent la désignation d'un juge neutre pour enquêter sur les morts de janvier. Ils réclament aussi la démission du gouverneur provincial et du ministre de l'Intérieur.

Pour tenter de calmer les esprits, Mohamed Morsi a présenté lundi soir au Conseil de la Choura, l'assemblée législative provisoire, un projet de loi visant à rendre à Port-Saïd son statut de zone de libre-échange, peu à peu abandonné depuis dix ans, et pour réserver chaque année 400 millions de livres égyptiennes (44 millions d'euros) des revenus du canal au développement des villes situées sur son tracé.

Le Conseil de la Choura a approuvé ce projet, a précisé la télévision d'Etat. (Shaimaa Fayed, avec Yousri Mohamed, Guy Kerivel pour le service français)