A ce facteur exceptionnel s'ajoute la persistance des provisions pour pertes sur crédit, qui restent élevées même si les banques elles-mêmes estiment que le pire est passé de ce point de vue.

Plusieurs grands groupes financiers ont parallèlement vu leurs résultats soutenus par les acquisitions conclues pendant la crise, qui pourraient leur donner un avantage décisif à l'avenir.

"Le secteur bancaire est confronté à des difficultés multiples", constate Peter Dixon, économiste de Commerzbank, à propos des résultats de Bank of America.

"Le secteur bancaire a encore un montant énorme de créances douteuses. Il y aura encore pas mal de dépréciations et le secteur bancaire est en outre soumis à une grosse pression politique, conséquence de la colère que suscitent dans la population les plans de renflouement".

Les grandes banques se sont empressées à la fin de l'année dernière de rembourser les fonds dont elles avaient bénéficié dans le cadre du Troubled Asset Relief Program (Tarp), ne serait-ce que pour s'affranchir de la tutelle de Washington sur les rémunérations de leurs équipes dirigeantes.

C'est ainsi que Citigroup a levé 20,5 milliards de dollars en décembre pour rembourser une première tranche d 20 milliards de dollars de fonds du Tarp. La banque a annoncé mardi une perte de 7,6 milliards de dollars au quatrième trimestre, imputable pour une bonne part au remboursement du Tarp.

Le cas de figure est le même pour Bank of America, la première banque des Etats-Unis, dont les pertes se sont aggravées au quatrième trimestre à 5,2 milliards de dollars.

BofA, avait remboursé début décembre 45 milliards de dollars de fonds Tarp, une initiative rapidement imitée par plusieurs de ses concurrentes.

Toutefois, Merrill Lynch, qu'elle a rachetée fin 2008 au coeur de la tourmente financière mondiale et intégrée définitivement le 1er janvier 2009, a largement contribué aux bénéfices confortables des activités de marchés internationaux et de gestion de fortune du groupe.

De son côté, Wells Fargo, numéro quatre américain du secteur en termes d'actifs, a mieux tiré son épingle du jeu, bien qu'elle ait remboursé 25 milliards de dollars à l'Etat fédéral.

Elle a été bénéficiaire contre toute attente au quatrième trimestre mais les analystes soulignent qu'elle s'expose à l'avenir à des pertes croissantes liées au portefeuille de crédit immobilier hérité de la banque Wachovia.

Mais, constate le directeur financier Howard Atkins, les pertes de Wachovia "évoluent mieux qu'on ne l'avait estimé à l'origine, au moment de la fusion".

A Wall Street, l'action Bank of America perdait 0,2% en fin de matinée tandis que Well Fargo abandonnait 1%.

MOINS DE PROVISIONS

Bank of America (BofA) et Wells Fargo sont parvenues à réduire le poids des créances douteuses sur leurs comptes. BofA a ainsi signalé que la provision pour pertes sur crédit avait diminué de 14% par rapport au troisième trimestre, à 10,1 milliards de dollars.

De même, Wells Fargo a constitué une provision de 5,9 milliards de dollars pour ces pertes, bien inférieure aux 8,4 milliards de dollars inscrits dans ses comptes un an auparavant.

Morgan Stanley, qui publiait ses comptes mercredi comme Bank of America et Wells Fargo, est bénéficiaire mais moins que prévu, en raison d'une charge comptable spécifique liée à son endettement et de médiocres résultats dans le trading.

U.S. Bancorp, qui figure dans le Top 10 des banques américaines, est l'une des rares banques régionales à avoir prospéré durant la crise et à avoir multiplié les rachats. Ses bénéfices ont quasiment doublé au quatrième trimestre mais son directeur général Richard Davis n'en est pas moins prudent car, évoquant là encore des pertes sur crédit toujours élevées bien que largement inférieures à celles de ses concurrentes.

Ce sont en définitive les banques spécialisées dans les services aux investisseurs institutionnels, comme la conservation de titres, qui se distinguent le plus. State Street et Bank of New York Mellon ont ainsi fait état de bénéfices trimestriels en forte hausse.

Les titres des deux groupes progressaient nettement en Bourse à la mi-séance, gagnant autour de 5%.

Une troisième, Northern Trust, a vu au contraire son bénéfice chuter de 41% mais il n'en dépasse pas moins le consensus.

Wilfrid Exbrayat, édité par Marc Angrand